Vélos électriques, trottinettes, même combat… Selon le 8e Baromètre du marché de la micromobilité, publié par Mobilians et l’agence Smart Mobility Lab début mai, les ventes de trottinettes ont diminué de 9% en volume en 2024. Soit 615 000 unités vendues, le niveau le plus bas depuis 2019.

Malgré cette conjoncture économique exsangue, qui frappe l’ensemble du secteur de la mobilité, les constructeurs continuent de rivaliser d’ingéniosité pour proposer aux utilisateurs des trottinettes de plus en plus perfectionnées. Pour preuves, notre récent test de la Max G3 E, un véhicule qui nous a pleinement convaincus. Pourtant, vu son prix, ce ne sera sans doute pas le modèle que Segway-Ninebot vendra le plus en France en 2025.

En effet, toujours selon le même baromètre, les modèles à moins de 500 € ont représenté, l’an dernier, 74 % des ventes. Un peu plus cher, notre modèle du jour, la F3 E, a donc tout de même une belle carte à jouer. D'autant que cette année, le constructeur a mis le paquet avec une ribambelle de nouveautés bienvenues, faisant de ses trottinettes les plus avancées du moment, loin devant celles de son rival et leader du marché français Xiaomi, qui s'est montré beaucoup plus timide cette année comme nous vous le disions dans notre test de son Scooter 5 Pro. Mais revenons à la Ninebot F3 E, que nous avons pu tester en profondeur ces dernières semaines.

Design et construction : premium et intermodale (4/5)

Esthétiquement, la F3 E, mais aussi la F3 Pro E, s’inspirent de leur illustre aînée, la Max G3 E. Soit une identité visuelle ni trop sportive, ni trop sobre. Cela se traduit par une structure soignée et par un câblage des plus discrets. Bien évidemment, la F3 E a des lignes plus fluides et plus compactes. Si elle donne l’impression d’être moins dense, elle ne subit pas pour autant un déclassement au niveau des finitions, de la qualité de l'alliage d'aluminium (châssis) et des pièces en plastique. Il y a tout de même quelques différences, la F3 E étant un peu moins protégée au niveau des roues.

© Fouad Bencheman pour Capital

Même son de cloche pour le deck anti-dérapant (51 x 19 cm). Malgré le fait qu’il soit moins long de 3 cm par rapport à la Max G3, il est tout aussi large et des plus confortables. Point appréciable, comme la F3 E Pro et la Max G3, notre véhicule du jour voit son indice d’étanchéité fixé à IPX6 et à IPX7 pour le bloc-batterie intégré. En plus d’augmenter la durabilité et la sécurité, ce niveau d’étanchéité rend possible le nettoyage de la trottinette avec un jet d’eau à volume modéré.

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Conséquence de ces lignes plus élancées, le poids est logiquement plus réduit. Il s’établit à 18,6 kg. Un chiffre qui permet d’envisager la F3 E pour un usage intermodal. D’autant que le mécanisme de pliage est aussi perfectionné et fluide que sur la Max G3 E. C'est-à-dire qu'on y trouve une potence qui se range à la verticale et une fourche dotée d'une poignée à l’avant. Un système qui facilite grandement la manœuvrabilité du véhicule. Contrairement à la Max G3 E, il devient possible ici de la ranger dans un coffre, un ascenseur ou un TER, sans un effort surhumain. De plus, monter quelques étages avec elle devient concevable. Cela sera sportif, car son poids tutoie la limite acceptable, mais pas éreintant. Par contre, il faudra bien penser en amont à lui trouver une place, car une fois pliée, elle mesure tout de même 115,2 × 59 × 61,3 mm.

Équipements : loin devant la concurrence (5/5)

Fort intelligemment, Segway-Ninebot n’a quasiment pas fait de segmentation de gamme en matière de technologies embarquées entre la Max G3 E et la F3 E. Autrement dit, cette trottinette adopte tout l’écosystème avancé du fabricant.

À commencer par cet écran TFT en couleur de 2,4 pouces, une grande nouveauté de 2025. En plus d’être admirablement lisible en plein soleil, ce dernier délivre en temps réel une flopée d’informations utiles : mode de conduite, autonomie estimée, vitesse, distance parcourue, notifications d’appels entrants ou encore l’heure. Et malgré cette palanquée de données, l’environnement graphique reste parfaitement clair. Point hautement appréciable, la navigation intégrée, déjà présentée dans notre test de la Max G3 E, est également de la partie.

© Fouad Bencheman pour Capital

Sans surprise, la F3 E bénéficie également de toutes les fonctionnalités de l’application dédiée « Segway Mobility ». Que ce soit le déverrouillage Bluetooth (AirLock), la localisation via Apple Find My, l’historique des trajets ou encore, entre autres, le réglage des effets lumineux et sonores : tout est là. Et encore une fois, malgré cette masse de possibilités, l’interface utilisateur est bien pensée. Quitte à se répéter, Segway-Ninebot possède à ce jour l’application la plus aboutie du secteur.

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Finalement, seul le guidon diffère quelque peu. Et encore, c’est très minime. Celui de la Max G3 E propose des finitions légèrement plus premium, notamment sur les poignées. Il se révèle aussi plus haut, 130 cm contre 126 cm pour la F3 E, et propose un anneau antivol intégré.

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Pour le reste, c’est bonnet blanc et blanc bonnet. Le guidon est incurvé et fait 59 cm de large, tandis que la disposition des boutons et de la sonnette mécanique est identique. Rien à redire, tout y est, y compris un package de phares et de clignotants très complet.

Conduite et sécurité : confortable et maniable, mais un poil fougueuse (4/5)

Dans les domaines de la puissance et du confort, la F3 E doit inévitablement s’incliner face à la Max G3. Cependant, elle s’améliore significativement par rapport à sa devancière sortie fin 2023. En effet, la F2 E possédait une simple suspension à ressort mécanique à l’avant. De son côté, la F3 E dispose d’une suspension hydraulique, donc plus apte à amortir les chocs, mais également d’un bras oscillant à l’arrière.

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Sur la réalité du bitume, la F3 E remplit convenablement son rôle. Les légères imperfections de la route, les petites voies dallées et les trottoirs peu élevés se franchissent sans à-coups désagréables. En revanche, sur les routes fortement dégradées, avec des pavés ou des briques, les vibrations dans les bras se font tout de même sentir, notamment à forte vitesse. Pour un confort optimal, mieux vaut que vos trajets quotidiens ne comportent pas trop ces typologies de sol.

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Dans le même esprit, si la puissance de la F3 E est largement conforme à son positionnement, vos itinéraires ne devront pas inclure une majorité de montées avec un fort dénivelé. Sur du faux plat, aucun problème, les 1000 W en crête et les 400 W en nominal permettent de tenir la vitesse maximale. Sur des côtés à moins de 10%, la F3 E ronronne légèrement, mais sa vitesse sera toujours comprise entre 19 et 22 km/h. Au-delà, n’espérez plus trop dépasser les 20 km/h.

Pour la conduite, le rayon de braquage est plus réduit que sur la Max G3. De ce fait, la F3 E se montre souple dans les virages et facile à manier dans les petits périmètres. Elle se dompte donc plus facilement, une information utile pour les primo-accédants. Attention tout de même, son accélération est assez franche sur les premiers mètres. Sur ce point, elle se montre légèrement plus impétueuse que la Max G3. Pourtant, cette dernière est deux fois plus puissante. Rien de très alarmant, quelques kilomètres seront nécessaires pour jauger au mieux cette fougue.

© Fouad Bencheman pour Capital

Légère déception au niveau du freinage. Non pas qu’il soit mauvais. Sa progressivité  est bien dosée et il s’avère réactif et sécurisant pour des arrêts soudains. Cependant, le mécanisme n’évolue pas d’un iota entre la F2 E de 2023 et la F3 E de 2025. À savoir, des pneus tubeless auto-cicatrisants de 10 pouces qui sont confiés à un frein à disque pour l’avant et à un frein électronique pour l’arrière. Le tout chapeauté par un système de contrôle de traction (TCS). Un double disque à l’avant ou un ABS mécanique n’aurait pas été de refus. Or, nous sommes un peu gourmands. Rappelons que la Scooter 5 Pro de Xiaomi opte de son côté pour un frein avant à tambour.

Autonomie : moyenne et charge à anticiper (4/5)

Avec une tension de 46,8 V et une capacité de 477 Wh, la batterie de la F3 E doit permettre sur le papier de tenir 50 km en mode « Sport ». Soit une vitesse maximale d’environ 25 km/h. Bien évidemment, même les conducteurs les plus sportifs n'effectuent pas la totalité de leurs trajets à cette vitesse.

Pour évaluer au mieux l’autonomie de la F3 E, nous l’avons utilisée pendant 10 jours sur notre trajet de test entre notre domicile et notre lieu de travail. Ce dernier inclut 2/3 de plat et 1/3 de faux plats. Le tout sur une distance aller-retour de 11 km. Avec un utilisateur de 80 kg et un temps des plus clément, la F3 E a pu nous transporter pendant 3 jours avant d’atteindre les 16% de batterie. En somme, son autonomie s'est située aux alentours de 38 km.

© Fouad Bencheman pour Capital

Sur des parcours plus pentus, tout du moins en partie, et avec un temps plus froid, ce chiffre devrait plutôt tutoyer les 30-32. C’est moyen, notamment pour ceux qui effectuent de longs trajets quotidiens autour de 15-20 km. Ces utilisateurs devront la charger tous les soirs.

© Fouad Bencheman pour Capital

Vu ainsi, il pourrait devenir intéressant sur le papier d’investir dans le chargeur rapide optionnel du constructeur. En effet, avec ce dernier, le temps de charge de 7h30, avec le câble standard fourni à l’achat, passe à environ 3h30. Ce qui n’est pas négligeable. Hélas, vu son prix, 119 euros, il est difficile de vous le conseiller les yeux fermés...

Réparabilité : support simplifié, pièces détachées et entraide (4,5/5)

Toujours fidèle à ses fondamentaux, l’application conserve son onglet « Service », véritable tableau de bord pour accéder au support officiel, aux démarches SAV, ou encore à une bibliothèque complète de guides d’auto-diagnostic. En plus de cela, grâce à une récente mise à jour, “Segway Mobility” se dote d’un nouvel espace communautaire baptisé « Moments ». Le principe ? Offrir aux utilisateurs un véritable lieu d’échange, directement intégré à l’application. On peut désormais poser ses questions, partager ses astuces ou demander conseil à la communauté Segway-Ninebot à travers le monde. Ainsi, chacun peut profiter de l’expérience des autres pour résoudre un problème ou optimiser l’usage de sa trottinette.

Un écosystème riche et complet qui vient s’ajouter à un niveau de service après-vente toujours aussi irréprochable. La disponibilité quasi immédiate des pièces détachées chez un vaste réseau de réparateurs agréés réduit plus que jamais les tracas d’entretien. On est très loin, dans ce domaine, de ce qu'offrent des marques comme Xiaomi ou Navee.

Les deux meilleures alternatives à la Segway-Ninebot F3 E

La Segway-Ninebot F3 Pro, la grande soeur plus adaptée aux trajets longs

Grâce à ses prestations supérieures en puissance (1 200 W en crête), en freinage (double disque (avant + arrière) et en autonomie (70 km théoriques), la F3 E Pro est une excellente alternative au surcoût modéré. Au-delà du budget, tout dépend de la longueur et de la typologie de vos trajets quotidiens.

La Scooter 5 Pro, la choix le plus équilibré chez Xiaomi en 2025

Sans avoir forcément grand-chose à envier à la Scooter 5 Max, la 5 Pro est le modèle plus équilibré du catalogue 2025 de Xiaomi. Entre l’arrivée d’une double suspensions avant et arrière et une qualité de fabrication rehaussée, la firme chinoise améliore convenablement son modèle Pro. Si la Scooter 5 Pro est adaptée aux trajets urbains grâce à sa belle puissance et sa bonne maniabilité, Xiaomi est quelque peu à la traîne en matière de freinage, mais surtout d’application et de technologies embarquées.

Conclusion

Après avoir imposé la Max G3 E comme la nouvelle référence des trottinettes premium, Segway-Ninebot réitère avec la F3 E sur le secteur milieu de gamme. Abouti sur presque tous les plans, ce véhicule séduit avant tout par son excellent confort, assuré par une double suspension efficace, ainsi que par son niveau d’équipements qui frise l’excellence : guidon, phares, système de pliage, application dédiée...

Côté performances, la F3 E offre des accélérations franches et une puissance suffisante pour affronter la grande majorité des parcours urbains, tout en restant accessible aux utilisateurs moins expérimentés grâce à son excellente maniabilité. Bien que son freinage n'évolue pas par rapport au précédent modèle, ce dernier reste efficace. Autre donnée qui n’évolue pas, son poids. Et tant mieux, car en restant sous la barre des 20 kg, la F3 E peut s’autoriser quelques expéditions en intermodal.

Malgré ces innombrables qualités, on regrettera toutefois une autonomie un peu juste pour effectuer quotidiennement des trajets compris entre 15 et 20 km. D’autant que le temps de charge s’avère un peu long, notamment si l’on n’investit pas dans le chargeur rapide.

  • Design et construction : 4/5
  • Équipements : 5/5
  • Conduite : 4/5
  • Autonomie et charge : 4/5
  • Réparabilité: 4,5/5

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