En quelques clics, il est aujourd’hui facile d’acheter un compte de livreur, notamment Uber Eats. Mais cette pratique en plein essor permet à des sans-papiers ou à des mineurs de travailler illégalement et soulève plusieurs problèmes : concurrence entre livreurs, falsification de documents et coût onéreux, comme le rapporte BFMTV. «La location de compte s'est vraiment développée pendant la crise sanitaire. Aujourd'hui, elle est davantage structurée parce qu'il y a la location de compte mais aussi l'achat de faux compte», explique l'influenceur Vany qui est également livreur pour plusieurs plateformes depuis 2016.

Pour bien comprendre ce phénomène, il faut tout d’abord distinguer la location d’un compte de livreur de l'achat d’un compte. La location, qui est apparue en 2018, consiste à prêter un compte, créé légalement, à une personne qui effectuera les livraisons à la place du propriétaire, contre rémunération. Depuis 2019, Uber Eats utilise un système de reconnaissance faciale pour s’assurer que le coursier est bien le titulaire du compte, rappellent nos confrères.

«Il y a beaucoup d'arnaques»

Apparu plus récemment, l'achat de compte tend à se généraliser sur les plateformes de livraison. Revendus en moyenne 1 500 euros, ces comptes permettent souvent à des sans-papiers ou à des mineurs, qui ne peuvent pas se créer un compte eux-mêmes, de travailler illégalement. Pour contourner l'authentification de l'application, il suffit alors pour le propriétaire du compte d’ajouter la photo de l’acheteur au profil.

«Il y a beaucoup d'arnaques aussi et ça se fait à la vue de tout le monde, sur des groupes totalement publics», déplore l’influenceur et livreur Vany, qui prévient également sur les risques de suspension de compte. Il prend l’exemple d’un homme ayant déboursé 1 300 euros pour acheter un compte : «Le compte a duré 48 heures de travail. 1 300 euros pour 48 heures de travail, ça pique», commente-t-il. Autre risque : en cas d’incident, il est très difficile de remonter jusqu'au titulaire du compte. «Avec ce phénomène d'achat de faux compte, il n'y a personne derrière», met en garde le jeune homme.

Enfin, l’influenceur dénonce cette nouvelle concurrence avec l’arrivée de coursiers «prêts à accepter tout et n'importe quoi». Entre 2016 et 2025, il observe ainsi une chute du tarif de la course, qui serait passé de 11 euros à près de 4 euros.