L’«état d’alerte budgétaire» est déclaré. Dimanche, le ministre de l’Economie, Eric Lombard, a annoncé que la France allait devoir réaliser «un effort supplémentaire de 40 milliards d’euros» en 2026, un geste «considérable». Pour rappel, le budget 2025 prévoit déjà une cinquantaine de milliards d'euros d'efforts, renforcé cette semaine par cinq milliards supplémentaires puisés dans des crédits mis en réserve. Après avoir adopté le budget 2025 avec quelques mois de retard, le gouvernement veut s’y prendre tôt pour l’année à venir. Et ça commence dès mardi.

Le gouvernement se réunit le 15 avril pour une conférence sur les finances publiques autour du Premier ministre, François Bayrou. Sont également invités : des parlementaires, des organismes de sécurité sociale, des collectivités locales. Le locataire de Bercy promet une «méthode radicalement nouvelle». Quant au chef du gouvernement, il estime qu’il s’agit là d’une occasion d’«exposer aux Français», les «pathologies» et les «déséquilibres» que le pays «traîne depuis des décennies».

Pas de hausse des impôts pour les Français

Au programme de cet effort de 40 milliards d’euros, on retrouve essentiellement des économies, garantit Éric Lombard. Il pourra également s'agir d’«une augmentation des recettes liées à la croissance», a évoqué le ministre. En revanche, «il est hors de question d’augmenter les impôts», s’est engagé le ministre de l’Economie suivant les pas du chef du gouvernement et du président de la République qui ont certifié qu’aucune augmentation des impôts n’est à prévoir.

Pour autant, en ce qui concerne la contribution différentielle sur les plus hauts revenus (CDHR), appliquée aux ménages les plus aisés, présentée comme temporaire et qui fixe un taux minimal d'imposition de 20%, Eric Lombard a dit «souhaiter» qu’elle soit «pérenne» dans «un souci d’équité». Le ministre de l’Économie a ajouté que le gouvernement s’engageait à combattre la suroptimisation fiscale. L’objectif est de transformer cette contribution «en un outil de lutte contre les suroptimisations fiscales», a précisé son cabinet à l'AFP.

Mais une réduction des dépenses publiques à prévoir

«Avec 57% de PIB de dépenses publiques, on peut tout à fait à la fois réduire les dépenses et maintenir la qualité des services», a certifié Éric Lombard qui se défend de toute politique d’«austérité». Pour le ministre, il ne s’agit pas du «bon mot». Selon lui, les dépenses publiques françaises sont supérieures de «10%» à la «moyenne européenne». «Nous dépensons beaucoup et nous pensons que nous pouvons dépenser mieux», a assuré le ministre.

Le gouvernement souhaite toujours ramener le déficit public à 5,4% du PIB cette année. Pour Eric Lombard, l'ambition est «tenable car nous avons décidé la semaine dernière de diminuer de 5 milliards d’euros les dépenses». La porte-parole du gouvernement, Sophie Primas, a rappelé dimanche au Grand Jury RTL/M6/Le Figaro/Public Sénat qu’il s’agissait d’une «question de crédibilité sur les marchés». Bercy a fixé pour objectif un déficit public à 4,6% du PIB en 2026 afin de revenir sous les 3% d’ici 2029, conformément aux normes européennes en la matière.

Seniors, retraités, chômeurs… qui sera mis à contribution ?

D’autres pistes ont été évoquées. François Bayrou a notamment mentionné «la nécessité d'une augmentation du taux d'emploi des seniors», dans un communiqué paru jeudi 10 avril après la publication du second rapport commandé par le gouvernement à la Cour des comptes concernant le conclave sur les retraites qui se déroule actuellement.

En parallèle, l’exécutif a récemment soulevé la possibilité de mener une nouvelle réforme de l’assurance chômage comme une «source possible d’économies, parmi d’autres mesures», selon le cabinet du ministère du Travail. Les retraités pourraient eux aussi être mis à contribution, tout comme les collectivités territoriales dont l’effort de participation a été réduit pour le budget 2025, passant de 5 milliards d’euros d'économies à 2,2 milliards d’euros.