Comme le révèlent Les Echos, à la veille de discussions décisives avec le PS ce vendredi, l'exécutif cherche à envoyer des signaux d'ouverture sans (trop) renoncer à sa ligne économique. Pour dissuader les socialistes de le censurer – voire pour les convaincre de rallier son gouvernement bientôt nommé ? - Sébastien Lecornu mise donc sur plusieurs mesures ciblées qui pèseraient sur les ménages aisés et les grands groupes plutôt que sur les ménages plus précaires et les classes moyennes.

Parmi elles figure l'idée de relever la contribution sociale généralisée (CSG) sur les revenus du capital, une proposition justement issue du «contre-budget» socialiste. Assurance-vie, épargne salariale, PEL ou loyers perçus seraient concernés. Le PS plaide pour un relèvement d'un point, à 10,2 %, soit 1,9 milliard d’euros de recettes. L'exécutif explore plutôt une hausse comprise entre 0,5 et 1 point. Mais la piste est délicate : une augmentation affecterait mécaniquement la «flat tax» instaurée en 2018 pour encourager l’investissement, et le président Macron semble voir d'un mauvais œil cette augmentation.

Des contributions exceptionnelles prolongées

Outre la CSG, le gouvernement envisage de reconduire en 2026 la contribution différentielle sur les hauts revenus (CDHR). Imaginé en 2024, ce mécanisme garantit un minimum de 20 % d’impôt pour les contribuables les plus riches. Sa prolongation pourrait rapporter 1,5 milliard d’euros supplémentaires. Autre piste : encadrer plus strictement l'optimisation via les holdings familiales, un levier déjà évoqué par Amélie de Montchalin et qui dégagerait jusqu’à 2 milliards.

Un renforcement de la contribution exceptionnelle sur les hauts revenus (CEHR), surnommée «surtaxe Sarkozy», est aussi étudié. Actuellement fixée à 3 % pour les revenus supérieurs à 250 000 euros (500 000 pour un couple) et 4 % au-delà de 500 000 euros par personne, cette taxe a rapporté plus de 1,5 milliard en 2022. L'ajout d'un nouveau seuil pourrait procurer environ 1 milliard supplémentaire. De quoi, potentiellement, dépasser le rendement de l'ancien ISF, qui rapportait autour de 5 milliards d'euros par an.

Les entreprises ne seraient pas en reste

Les entreprises ne seraient pas épargnées. La surtaxe sur les bénéfices des sociétés dépassant 1 milliard d’euros de chiffre d’affaires, instaurée dans le budget 2025, pourrait être prolongée d’un an. Son taux serait toutefois réduit de moitié : au lieu de 8 milliards, l'Etat en attendrait 4. Près de 400 groupes resteraient concernés par cette contribution. L'option d'une extinction progressive était déjà sur la table avant que François Bayrou ne revoie la copie, afin de ménager le patronat. Au total, ce «cocktail fiscal» pourrait rapporter autour de 10 milliards d'euros. Mais Sébastien Lecornu doit encore opérer ses arbitrages avant de rendre une copie définitive.