Eric Lombard, le ministre de l’Economie, a promis une «méthode radicalement nouvelle» concernant la préparation du budget 2026. Alors que celui de cette année a été adopté avec plusieurs mois de retard, le gouvernement prône, cette fois-ci, l’efficacité. La présentation du budget pour l’année à venir devrait avoir lieu «avant le 14 juillet», s’est engagé François Bayrou, en lieu et place du mois de septembre, habituellement prévu par le calendrier. Et cela commence dès maintenant... Mardi 15 avril, François Bayrou a réuni autour de lui ses ministres, des parlementaires, des représentants des organismes de sécurité sociale, des syndicats et des collectivités locales pour donner le ton de ce prochain budget, qui s’annonce serré.

Eric Lombard a en effet annoncé la couleur : la France va devoir réaliser un «effort supplémentaire de 40 milliards d’euros» en 2024. L’objectif ? Ramener le déficit public à 4,6% du PIB l’année prochaine, afin de revenir sous les 3% d’ici 2029, conformément à la réglementation européenne. Le locataire de Bercy a même parlé d’un «état d’alerte budgétaire». Il devrait s’agir, pour la plupart, «d’économies» et, éventuellement, d'une «augmentation des recettes liées à la croissance», a expliqué le ministre de l’Economie dimanche 13 avril sur BFMTV.

François Bayrou insiste sur la «réindustrialisation» de la France

Mardi, après des échanges à huis clos autour du «comité d’alerte», François Bayrou a précisé les grandes lignes du budget 2026. «Il est des heures de vérité décisives et celle-ci en est une», a affirmé le Premier ministre. Selon lui, «seule une prise de conscience de nos concitoyens» sur la situation budgétaire peut «soutenir une action déterminée» de redressement des comptes publics. Le chef du gouvernement a d’abord défendu une politique de «retour de la production et de la réindustrialisation». La France «manque de moyens» pour financer ses politiques parce «qu'elle ne produit pas assez et ne travaille pas assez», a-t-il déclaré. «Si notre production par habitant était dans la même gamme que celle de nos voisins européens, nous n'aurions pas de déficit budgétaire», a-t-il poursuivi, ajoutant vouloir garantir la «vitalité économique» de la France.

Pour cela, François Bayrou défend «l’innovation» et la «simplification». Et ce, alors même que le patronat se montre plutôt ferme concernant sa participation au budget 2026. «Il n’est pas question de surcharger les entreprises», a averti le Medef en amont de ce «comité d’alerte». Il ne faut pas «accabler encore plus les entreprises, qui supportent cette année 13 milliards d’euros de prélèvements supplémentaires», a prévenu le président du syndicat patronal, Patrick Martin, mardi sur Franceinfo.

Pas de hausse d'impôts au budget 2026

François Bayrou a été clair : «Augmenter les prélèvements» pour rééquilibrer les comptes publics est «intenable». Le Premier ministre lui préfère la «refondation de l’action publique». «Nous ne pouvons pas accepter que la France soit le pays où l’on dépense le plus d'argent public, où l’on prélève le plus d'impôts, de taxes diverses et de cotisations, et que pourtant les Français s’accordent unanimement à constater que l’action publique ne marche pas», a-t-il regretté. La veille, Eric Lombard a pourtant annoncé la pérennisation de la contribution différentielle sur les plus hauts revenus (CDHR), appliquée aux ménages les plus aisés, présentée comme temporaire et qui fixe un taux minimal d'imposition de 20%.

Le chef du gouvernement a également rappelé l’importance de l'«indépendance» française en matière de «sécurité et de défense». Un «effort de quelque 3 milliards supplémentaires» sera nécessaire au budget 2026 de la Défense pour garantir l'«indépendance en matière de sécurité et de défense» de la France et de l'Union européenne, a-t-il précisé. «L'Union européenne a le devoir impérieux de construire une défense autonome», grâce à «un immense effort partagé, nécessaire de la part des autres pays européens» dans lequel l'«effort français» sera «renforcé», a déclaré le Premier ministre.

Quant aux collectivités territoriales, François Bayrou a eu un mot pour elles soulignant leur caractère indispensable alors même que le suspense plane sur leur éventuelle mise à contribution. Dans le budget 2025, leur effort de participation a finalement été réduit passant de 5 milliards d’euros d’économies à 2,2 milliards d’euros. L'association des maires de France (AMF) invitée au comité mardi matin a décliné sa présence. Elle déplore l’absence d’un «ordre du jour détaillé» et de «document de travail» et dit refuser d’être «les figurants d'une énième séquence de communication». Une absence remarquée par le gouvernement.

«Tout le monde doit faire preuve d'esprit de responsabilité», a rappelé à l’ordre le ministre de l’Industrie, Marc Ferracci, mardi matin sur France Inter. Il a également pris la parole concernant le tissu entrepreneurial français. «On sait qu'il y a des dépenses inefficaces (...) Cela peut être des aides aux entreprises, à l'investissement, des prestations sociales qui n'atteignent pas leur objectif, etc.», a-t il déclaré.

La veille, lundi, les principales organisations patronales avaient rendez-vous à Bercy notamment pour commencer à travailler le budget 2026. Le ministre de l’Economie a indiqué vouloir «co-construire avec les entreprises». Sa méthode «beaucoup plus collégiale» sera ensuite appliquée avec les collectivités locales puis, en fin de semaine, avec les représentants des salariés.

Mercredi 16 avril, le gouvernement présentera en Conseil des ministres son plan budgétaire et structurel à moyen terme (PSMT), document présentant la trajectoire pour les années à venir, adressé à la Commission européenne. Quatre mois après le début de l’année 2025, le gouvernement s’attaque donc avec force à l’élaboration du budget de l’année à venir.