Pour certains, le muscadet n’est plus tout à fait le vin de la fête. Dans la région nantaise, 110 viticulteurs spécialisés dans la production de muscadet ont demandé l’arrachage de leurs vignes cette année, un chiffre inédit depuis 2009. La raison : une accumulation de difficultés insupportables. Gel à répétition, maladies, surproduction à perte, et une consommation en baisse constante ont ébranlé ce secteur. En Loire-Atlantique, dans le cœur de la région du muscadet, Thierry Beauquin a décidé de jeter l’éponge, après quatre générations consacrées à la production familiale. Il doit aujourd’hui arracher huit hectares, l’intégralité de son exploitation. «J’ai gelé sept fois en dix ans», confie-t-il à France 3. «L’an dernier, j’ai produit dix hectolitres. Ce n’est plus vivable.»

En 2025, des dizaines de viticulteurs optent pour la prime nationale d’arrachage, fixée à 4 000 euros par hectare, pour tenter de limiter la casse. Résultat : 580 hectares de muscadet devraient disparaître cette année. «C’est devenu trop difficile d’en vivre», explique Thierry. Dans les domaines, l’herbe a remplacé les vignes. Un bouleversement qui en pousse certains, comme le jeune Antonin Bedouet, à revoir leur modèle. Sur le domaine familial bio qu’il codirige, il mise maintenant sur des surfaces concentrées et rentables. Il l’explique : «L’idée, c’est de faire mieux avec moins. Moins de surface, mais un rendement correct, une vraie qualité.»

Vers une réinvention des terres viticoles ?

Ce changement d’orientation pose la question de la réallocation des terres abandonnées. Pour Thierry Beauquin, également élu local, l’important aujourd’hui est d’éviter que ces terres ne deviennent inexploitables. «Ces terres doivent retrouver une fonction, qu’elle soit agricole, forestière ou nouvelle. L’agriculture de demain doit être pensée collectivement, avec l’État, les collectivités, les agriculteurs», plaide-t-il. Alors que l’histoire du muscadet sur ce territoire remonte au XVIe siècle, penser à l’après devient maintenant impératif. Au total, onze communes sont concernées par cette mutation, et c’est toute la filière qui doit aujourd’hui s’adapter pour survivre.

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