La période faste est terminée. Après plusieurs années d’euphorie, le marché de l’emploi des cadres a fortement ralenti en 2024, selon l’Apec, qui a présenté à la presse ce jeudi 3 avril son enquête annuelle sur les prévisions de recrutement. L’an dernier, 303 400 cadres ont été recrutés en France, soit une chute de 8% par rapport à 2023. «Malheureusement, la fête est finie, après 10 ans de croissance, le marché de l’emploi des cadres a commencé à se retourner en 2024 et la tendance va se poursuivre en 2025», explique Gilles Gateau, directeur général de l’Apec.

En cause notamment, le contexte économique et géopolitique incertain, qui contraint les entreprises à ralentir leurs investissements. Signe de ce ralentissement, le seuil symbolique des 300 000 embauches, franchi à la hausse depuis 2021, ne sera plus atteint cette année. L’Apec prévoit en effet 292 600 recrutements de cadres en 2025, soit un recul de 4% par rapport à l’année dernière. «On sort de plusieurs années durant lesquelles le marché d’emploi des cadres était en surchauffe, avec des tensions extrêmes sur les recrutements et des entreprises qui avaient du mal à pallier leurs besoins, poursuit Hélène Garner, directrice des données et études de l'Apec. Cette période est terminée, les entreprises manquent de visibilité sur les carnet de commandes et revoient leurs ambitions de recrutement à la baisse.»

Si aucun secteur n’échappe à cette coupe dans les recrutements, certains sont forcément plus touchés que d’autres. En raison de la crise du logement, le secteur de la construction est ainsi en difficulté avec un nombre d’embauches prévu en 2025 en recul de 7% par rapport à 2024. Même tendance pour les métiers du commerce (-5% sur un an), fragilisés par l’essor du e-commerce et de la seconde main. Les services à forte valeur ajoutée (-3%) et l’industrie seraient, quant à eux, moins touchés par ce contexte économique difficile.

Les informaticiens, les cadres les plus recherchés

Même en repli, le marché de l’emploi des cadres reste concentré autour de trois grands secteurs, qui représentent à eux seuls plus de 50% des embauches prévues en 2025. Avec 55 600 recrutements attendus cette année, les cadres informaticiens demeurent les profils les plus recherchés par les entreprises, même si ce secteur d’activité est tout de même en recul. «L’attentisme lié aux aléas politiques et budgétaires et la chute de l’investissement qui s’en est suivie ont particulièrement impacté les activités informatiques des entreprises, déplore Gilles Gateau. Pour autant, les nombreux défis liés à la transformation numérique, la cybersécurité, ou encore la montée en puissance de l’intelligence artificielle pourraient redonner du souffle à cette fonction clef

Présents dans tous les secteurs d’activité, les cadres commerciaux devraient quant à eux représenter 18% des recrutements en 2025 (52 700 embauches prévues). Les cadres en études et recherche et développement seront également particulièrement sollicités par les entreprises cette année, avec 49 750 embauches attendues en 2025.

A noter que ce recul du nombre de recrutements pénalise particulièrement deux tranches d'âges distinctes. D’abord, les jeunes diplômés, qui disposent de moins d’un an d’expérience en tant que cadre, sont les grands oubliés du marché du travail. Pour preuve, l’Apec anticipe que seulement 41 000 jeunes diplômés devraient être recrutés en 2025, soit une chute spectaculaire de 16% sur un an. Enfin, les cadres expérimentés (plus de 10 ans de carrière), sont également en difficulté, avec 76 100 embauches prévues, soit un recul de 11 % par rapport à 2024.