Ce n’est pas réellement une surprise. Dans la nuit de vendredi 21 à samedi 22 novembre, la quasi-totalité de l’Assemblée nationale a rejeté le budget de l’Etat. En effet, 404 députés ont rejeté la partie «recettes» du texte. Seul un élu s’est prononcé en sa faveur, le député du groupe centriste Liot Harold Huwart, tandis que 84 autres ont préféré s’abstenir. Les parlementaires n’ont, ainsi, pas eu à étudier le volet «dépenses».

Dans le camp des contre, figurent sans surprise les groupes de gauche et du Rassemblement national. Ceux du camp gouvernemental étaient divisés entre vote contre et abstentions. C’est un fait inédit dans la Ve République puisque, si l’Assemblée avait déjà rejeté en 2024 le budget de l’Etat, c’est la première fois qu’elle le fait avec une telle ampleur.

Le PS continuera à chercher un compromis

Après 125 heures de débat, soit le plus long depuis 1958, la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin a déploré un «certain nombre de mesures inconstitutionnelles, irréalistes ou inapplicables», tout en dénonçant l’«attitude cynique» des «extrêmes», se disant toutefois «convaincue» de la possibilité d'un compromis. Quant au Premier ministre Sébastien Lecornu, il a pointé des «coups tactiques des extrêmes qui rendent la copie insincère».

Le camp gouvernemental visait notamment des hausses d’impôts comme un «impôt universel» sur les multinationales censé rapporter 26 milliards d'euros, une hausse de taxe sur les rachats d'action, ou encore une contribution sur les dividendes. Selon Eric Coquerel, président LFI de la commission des Finances, le texte initial «présenté par un gouvernement comme s'il était majoritaire», était condamné à «déplaire à tout le monde». Boris Vallaud (PS), pour qui «le compte n'y est pas», a appelé le chef du gouvernement à «interroger l'autorité qui est la sienne» sur ses troupes. Son groupe cherchera tout de même à trouver un compromis. Au tour désormais du Sénat d’examiner le budget...