100 000 réservistes d’ici 2030. C’est l’ambition affichée par le gouvernement. «Notre objectif est d’avoir un militaire de réserve pour deux militaires d’active. Autrement dit, 100 000 réservistes pour une armée active de 200 000 hommes», a précisé Sébastien Lecornu, ministre des Armées, le 13 mars sur France 2. Dimanche, sur France Inter, le Premier ministre François Bayrou a lui aussi redit sa volonté de renforcer l’«armée de réserve» afin que «le lien entre l’armée et la nation soit vivant, respecté et soutenu par nos concitoyens». L’idée n’est pas nouvelle. Le gouvernement planche depuis déjà 2022 sur ce plan. A cette époque, on dénombrait 40 000 réservistes.

Alors que plusieurs voix se lèvent pour exiger le retour du service militaire obligatoire au vu d’un contexte international tendu, samedi 15 mars, Emmanuel Macron a exclu son retour. Il a plutôt plaidé pour une «grande refonte du service national universel (SNU)». Selon le chef de l’Etat, l’armée française n’a «plus la base, plus la logistique» pour signer le grand retour du service militaire obligatoire.

Fin janvier, le président de la République a aussi dit vouloir «mobiliser» plus de «jeunes volontaires» chez les réservistes en raison de l’«accélération des périls» observée depuis le début de la guerre en Ukraine en 2022. «Pour constituer cette réserve, la Journée de défense et de citoyenneté sera rénovée et redeviendra demain un moment de temps retrouvé avec les armées», a alors précisé Emmanuel Macron. «Parmi les 800 000 jeunes qui y passent chaque année, certains se signaleront et diront qu'ils répondront présent si la Nation les appelle», a ajouté le président de la République.

Qu’est-ce que la réserve militaire ?

Le service militaire obligatoire a été supprimé en 1996 par Jacques Chirac. En parallèle, la Journée défense et citoyenneté (JDC), appelée auparavant Journée d’appel de préparation à la défense, a été créée. Après 2002 et la suspension du service national, la réserve militaire est repensée. Plusieurs types de réserves existent. On compte notamment la réserve sanitaire, qui peut être mobilisée dès lors qu’une situation sanitaire le nécessite ; la réserve de la gendarmerie et celle de la police nationale, dont les membres peuvent intervenir pour renforcer, par exemple, le périmètre de sécurité d’un événement ou lors d’un accident ; ou encore la réserve militaire, celle que le gouvernement souhaite renforcer.

Comment devenir réserviste ?

Tout Français de plus de 17 ans ayant effectué sa JDC peut s’engager auprès de la réserve militaire. Les réservistes apportent un renfort temporaire aux forces armées sur des missions de protection des populations, dont les missions Sentinelle ou Vigipirate, de protection des installations militaires, de secours aux populations en cas de catastrophes. Ils peuvent également être sollicités pour apporter des expertises dans le domaine judiciaire ou financier. La réserve militaire se compose de deux branches : la réserve opérationnelle et la réserve citoyenne de défense et de sécurité.

La première est constituée d’anciens militaires ainsi que de citoyens issus de la société civile. Ces derniers doivent d’abord suivre une formation et un entraînement avant de devenir opérationnels. Ils signent un contrat rémunéré d’une durée de 1 à 5 ans, renouvelable. Mais attention, il ne s’agit pas d’un temps plein. Les réservistes sont appelés à travailler de 5 à 120 jours par année civile, selon les contrats. Pour s’engager, il faut candidater auprès du service de l’armée visée, via un formulaire en ligne ou directement par mail.

Quant à la réserve citoyenne de défense et de sécurité, elle est composée de bénévoles «agréés par l’autorité militaire en raison de leurs compétences, de leur expérience ou de l'intérêt pour les questions relevant de la défense nationale», précise le gouvernement. Cet agrément est délivré pour une durée de trois ans, renouvelable. Le candidat doit d’abord soumettre un dossier de candidature avant d’être reçu par l’autorité militaire pour un entretien.