
Une «prétendue formule magique», selon le ministre de l’Economie. Jeudi 27 novembre, tard dans la soirée, les députés ont adopté une proposition de loi visant à nationaliser ArcelorMittal, leader sur le marché de l’acier français. Déposée par La France insoumise (LFI) dans le cadre de leur niche parlementaire, la mesure adoptée à 127 voix contre 41, a reçu le soutien des autres groupes de gauche : écologistes, communistes et les socialistes, qui défendaient pourtant plutôt une «mise sous tutelle». Le Rassemblement national (RN) s’est abstenu, après avoir déposé 310 amendements sur le texte estimant que les insoumis suscitaient de «faux espoirs» pour les salariés. La CGT avait dénoncé une «stratégie d'obstruction».
Quant au camp gouvernemental, il a voté contre. Pour Roland Lescure, la nationalisation de l’entreprise sous le joug d’un plan social annoncé en avril dernier, «ne réglera en rien les enjeux de concurrence déloyale qui déstabilisent l’entreprise», a-t-il réagi vendredi matin sur le réseau social Bluesky. «La nationalisation est une réponse populiste à un problème structurel. La France a besoin d’un cap industriel clair, pas d’une prétendue formule magique que serait la nationalisation», a poursuivi le chef de Bercy.
Je prends acte du vote de l’Assemblée nationale qui vise à nationaliser ArcelorMittal. La pseudo-alliance officieuse, opportuniste et contre-nature de LFI et du RN ne réglera en rien les enjeux de concurrence déloyale qui déstabilisent l’entreprise.
— Roland Lescure (@rolandlescure.bsky.social) 2025-11-28T06:28:58.161Z
Le Sénat doit encore se prononcer sur la nationalisation d’ArcelorMittal
De leur côté, les Insoumis se sont félicités du vote que Mathilde Panot a qualifié de «victoire historique». Jean-Luc Mélenchon a parlé d’une «page d’histoire à l’Assemblée nationale». Mais la proposition de loi adoptée en première lecture à l’Assemblée nationale doit encore passer l’épreuve du Sénat, à majorité de droite. Pour le député Horizons Sylvain Barrios, «la loi ne sera pas appliquée». Son collègue RN, Jean-Philippe Tanguy a quant à lui affirmé que le Sénat «ne votera jamais votre loi».
A l’appel de la CGT, 300 personnes, selon la police, se sont mobilisées jeudi à proximité de l’Assemblée nationale pour soutenir la proposition de loi insoumise. Cette dernière vise donc à transférer ArcelorMittal sous contrôle public pour un total de trois milliards d’euros. Selon LFI, cette mesure permettrait de préserver les 15 000 emplois menacés d’un plan social et relancer la décarbonation des hauts-fourneaux.
Pour le gouvernement, la nationalisation «fragiliserait l'emploi au lieu de le protéger», a défendu le ministre de l’Industrie Sébastien Martin pendant les débats. Pour le ministre, la menace vient plutôt d’un «tsunami» d’acier asiatique. Ce dernier privilégie une réponse européenne. Le «plan acier» sera voté le 3 décembre au Parlement européen. Il prévoit la mise en place de quotas et de taxes sur les importations d’acier étrangers.
Vendredi, la CGT a réagi à l’adoption de la mesure appelant le gouvernement à respecter le «vote historique» des députés. «La première chose que nous demandons au gouvernement de faire, c’est de convertir les aides publiques en prises de participation», a ajouté Sophie Binet, à la tête du syndicat, interrogée par l’AFP (Agence France presse). «C’est quelque chose qu’il peut faire immédiatement, ça ne coûte rien et déjà, c’est envoyer un premier signal à Mittal et respecter le vote qu’il y a eu au Parlement», a ajouté la syndicaliste qui a invité les «sénateurs à inscrire à l'ordre du jour, au plus vite, cette proposition de loi».



















