
Saint-Pierre-et-Miquelon est dans la lumière médiatique depuis le 8 avril, mais cette lumière là, la collectivité française d'Outre-mer s'en serait bien passée. La classe politique nationale se déchire en effet après la proposition choc formulée dans le JDNews par le chef des députés de la Droite Républicaine, Laurent Wauquiez. Ce dernier a suggéré d'«enfermer» dans un centre de rétention à Saint-Pierre-et-Miquelon les personnes les plus dangereuses soumises à une obligation de quitter le territoire français (OQTF), mettant en avant le fait que ce territoire, situé au large du Canada, ne faisait pas partie de l'espace Schengen.
Levée de bouclier immédiate, dans de nombreux partis politiques. Le ministre des Outre-mer, Manuel Valls, rappelle que «Saint-Pierre-et-Miquelon, c'est la France - pas une prison ou un centre de rétention» tandis que le député LIOT de la collectivité, Stéphane Lenormand, a répondu à Laurent Wauquiez que Saint-Pierre-et-Miquelon «n'est pas la poubelle de la France». Hors du débat politique, cette actualité est l'occasion de se pencher sur les spécificités démographiques de cet archipel, en se basant sur les données de l'INSEE.
Une inflation moyenne de 5%
Avec 5 819 habitants lors du dernier recensement en 2022 (54 de moins qu'en 2021), la population de Saint-Pierre-et-Miquelon baisse désormais de près d'1 % par an, soit trois fois plus qu'entre 1999 et 2020. Les raisons principales sont identifiées, souligne France Info : le taux de natalité en baisse et les jeunes quittant définitivement l'archipel. Concernant la courbe des naissances, sa tendance à la baisse est constante depuis 2016. Saint-Pierre-et-Miquelon compte plus de décès que de naissances chaque année : 63 nouveaux bébés en 2015, 26 en 2024, les données sont parlantes (même si elles n'incluent pas les naissances au Canada, précise France Info).
En 2023, l'IEDOM (Institut d'émission des départements d'outre-mer ) a publié des rapports relatifs à l'économie de Saint-Pierre-et-Miquelon. Selon ces documents, cette année-là, le territoire a connu une inflation moyenne de 5%, en baisse par rapport aux 9,3 % de 2022, se rapprochant du niveau national de 4,9 %. Cette diminution est attribuée à la baisse des prix de l'énergie et des coûts de transport, ainsi qu'à un taux de change plus favorable avec le dollar canadien. La fréquentation touristique a retrouvé son niveau d'avant la crise sanitaire. En revanche, le secteur halieutique a été affecté par la les difficultés de la pêche industrielle.
Le secteur tertiaire concentre 86,7% des emplois
Le taux d'activité demeure élevé, à 81,6 % en 2020, supérieur à la moyenne nationale de 71,9 %. Le taux de chômage était de 3,3 % en 2022, contre 7,3 % pour l'ensemble du pays. L'économie de Saint-Pierre-et-Miquelon repose principalement sur le secteur tertiaire, qui concentre 86,7 % des emplois en 2020, en hausse par rapport aux 81 % enregistrés en 1999. Les administrations publiques, l'enseignement, la santé et l'action sociale constituent une part significative de ces emplois.
Enfin, les analyses de l'IADOM ont également trait au logement. En 2020, Saint-Pierre-et-Miquelon comptait 3 297 logements, répartis en 2 639 résidences principales, 498 résidences secondaires et 160 logements vacants. Malgré la baisse démographique, la demande reste soutenue, notamment en raison de l'augmentation du nombre de ménages due à la décohabitation. Entre 2010 et 2023, le prix médian des logements a augmenté de 93 % à Saint-Pierre, atteignant 1 790 euros par mètre carré, et de 15 % à Miquelon. Les loyers ont également progressé depuis 2012, en particulier pour les petites surfaces, où l'offre ne satisfait pas la demande croissante. Le parc locatif social comprend 113 logements, dont 38 gérés par la Collectivité Territoriale et 75 par la mairie de Saint-Pierre.
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