Le compte à rebours a commencé pour Shein. Le géant chinois de l’ultra fast fashion dispose d’un mois pour répondre aux inquiétudes soulevées par la Commission européenne et les autorités de protection des consommateurs belge, française, irlandaise et néerlandaise. L’Union européenne a ouvert en février une enquête contre le poids lourd du prêt-à-porter bon marché accusé de ne pas s’aligner sur les normes européennes.

Shein doit mettre fin à plusieurs pratiques trompeuses ou abusives envers les consommateurs européens à savoir les «faux rabais», les stratégies de «pression à l’achat», les «informations mensongères» notamment concernant les droits des consommateurs, les remboursements et les retours de colis ou encore les caractéristiques environnementales des produits vendus. La plateforme de vente en ligne doit également travailler sur l’opacité de certaines informations essentielles aux clients : «Les consommateurs ne peuvent pas facilement contacter Shein pour des questions ou des plaintes», indique la Commission européenne dans un communiqué paru lundi 26 mai.

Shein sous le joug de sanctions financières

Une fois le délai écoulé, si l’entreprise chinoise basée à Singapour «ne répond pas aux préoccupations soulevées, les autorités nationales peuvent prendre des mesures coercitives» contre elle, telles que des amendes indexées sur le chiffre d’affaires annuel de Shein dans les pays concernés, indique la Commission.

Dans un communiqué transmis à l’AFP, Shein certifie travailler «de manière constructive avec les autorités nationales de protection des consommateurs et la Commission européenne pour démontrer (son) engagement à respecter les lois et règlements de l'Union européenne». «Nous demeurons engagés dans ce processus pour répondre à toutes les préoccupations. Notre priorité reste de garantir aux consommateurs européens une expérience d'achat en ligne sûre, fiable et agréable», a ajouté l'entreprise.

Véronique Louwagie, ministre déléguée chargée du Commerce, souligne un «signal fort et une avancée concrète pour nos consommateurs, mais aussi pour nos commerçants et artisans qui subissent chaque jour une concurrence parfois très déloyale de certaines plateformes».

Le géant de l’ultra fast fashion mis sous pression

La pression sur le géant chinois grossit. Le 20 mai, l’Union européenne a proposé d'imposer des frais de 2 euros sur chaque petit colis entrant en Europe. En effet, la législation actuelle exonère de taxe douanière les colis de moins de 150 euros en provenance de pays hors UE ce qui bénéficie particulièrement aux plateformes comme Shein ou Temu.

En parallèle, en France, le projet de loi sur la fast fashion qui vise notamment à renforcer le principe de malus écologique et à interdire la publicité pour des produits de fast fashion, arrive très prochainement au Sénat après avoir été adopté en première lecture à l’Assemblée nationale en 2024. Mardi 27 mai, deux associations, Les Amis de la terre et l’Observatoire des multinationales, ont saisi la HATVP (Haute autorité pour la transparence de la vie publique) concernant de «potentielles irrégularités» dans les déclarations d’activités de représentation d'intérêts du groupe Shein. Les associations pointent du doigt des informations manquantes pour les années 2023 et 2024 et des formulations «vagues et non-informatives».