
Si aucun responsable politique ne s’est rendu au France Digital Day, l’évènement qui rassemble les start-ups françaises, la rentrée de la French Tech est pourtant éminemment politique. Et pour cause, avec le débat enflammé sur la taxe Zucman, le monde de l’entrepreneuriat bruissait mercredi, et encore davantage à l’approche d’une discussion entre deux économistes de renom lors de cet évènement : Philippe Aghion et Gabriel Zucman. Ce dernier a donc prêté son nom à la taxe qui est au centre des débats ces dernières semaines. Une taxe qui propose de cibler les foyers fiscaux avec plus de 100 millions d’euros de patrimoine, soit environ 1.800 personnes en France.
Depuis la présentation de cette taxe comme l’une des solutions alternatives à certaines propositions contenues dans le budget 2026, présenté par l’ex-Premier ministre François Bayrou, les entrepreneurs de la tech française sont vent debout. La raison : pour beaucoup de start-ups, les actions et les valorisations ne sont pas des liquidités, la taxe est donc impayable pour elles. Mais la discussion entre les deux économistes s’est révélée être très tendue.
«Une prison fiscale»
De son côté, Philippe Aghion n’a pas attendu très longtemps après le début de la discussion pour critiquer vertement la taxe Zucman devant son théoricien, selon Les Échos. «Tu vas transformer la France en prison fiscale» lui a-t-il lancé. En l’accusant également de vouloir «vendre la France», Philippe Aghion a pourtant semblé être en accord avec le fond de la proposition de Gabriel Zucman, celle d’une économie redistributive, dans laquelle les plus riches paient davantage d’impôts. Les deux économistes avaient également pour même référence d’application l’entreprise française Mistral AI, qui a été valorisée à 14 milliards de dollars récemment.
Face aux critiques, Gabriel Zucman ne s’est pas démonté, et a affirmé vouloir défendre simplement l’intégration des milliardaires à l’impôt sur le revenu, qui selon lui, «pour l’essentiel, ne le paient presque pas». Pour lui, c’est de justice fiscale et sociale dont il est question avec cette taxe. En face, la salle remplie d’entrepreneurs de la French Tech semblait crispée, et l’ambiance est devenue rapidement électrique.
Une salle chauffée à blanc
La discussion, qui voulait aller au-delà des petites phrases et des punchlines, n’a pas réussi à atteindre son objectif. Très vite, Gabriel Zucman s’est adressé directement au public, créant un malaise collectif, lorsqu’il a demandé collectivement si un jeune entrepreneur s’inquiétait de se lancer à cause du futur montant d’impôt qu’il aurait à payer… lorsqu’il sera milliardaire. Sauf que le public n’a pas attendu la fin de la question pour répondre un «oui» sonore, à l’unisson. Il a ensuite évoqué l’idée de payer la taxe Zucman en actions pour que les entreprises n’aient pas à liquider leurs parts. Une idée qui a fait bondir Philippe Aghion, qui s’est exclamé : «Je veux garder mes actions. Je veux être propriétaire de mon entreprise.»
De son côté, Philippe Aghion a aussi proposé des alternatives à cette taxe et au budget actuellement proposé, comme une contribution différenciée sur les patrimoines hors outil de travail, ou encore comme la taxation des actifs non productifs dans les holdings, et un retour à l’ISF. Il a même évoqué la possibilité d’une version très allégée de la taxe Zucman, à 0,5% seulement, avec une exonération pour les entreprises de moins de dix ans. Des propositions auxquelles Gabriel Zucman n’a pas répondu directement.



















