
Difficile d’être passé à côté de son nom si vous suivez l’actualité française ces derniers mois. Lui, c’est Gabriel Zucman. L'économiste a été rendu célèbre par sa fameuse taxe qui propose d’imposer à hauteur de 2% les plus aisés de nos concitoyens. Dans son viseur : les foyers fiscaux dont la fortune excède les 100 millions d’euros, rappelle RTL. L’homme de 38 ans assure que cette mesure permettrait à l’État d’empocher 20 milliards. Une coquette somme quand on sait que l’exécutif est (désespérément) à la recherche d’entrées d’argent afin de combler le déficit.
Celui qui se définit comme «un enfant de la crise financière» est né à Paris avant de travailler pour la société d’investissement Exane en 2008. Marqué par la faillite de Lehman Brothers, Gabriel Zucman aurait alors «commencé à regarder des statistiques macro-économiques sur les flux d'investissement internationaux», se rappelle-t-il au micro de Franceinfo. Sa motivation ? «Comprendre ce qui est légal, ce qui est illégal, quelles sont les conséquences pour la stabilité ou l'instabilité financière. Ou pour les inégalités : est-ce qu'on sous-estime l'évolution des inégalités, ou pour l'évasion fiscale. C'est ça qui a été le moteur.»
Une future carrière politique ?
C’est en 2011, dans son livre publié avec Emmanuel Saez, un autre économiste français naturalisé américain, que Gabriel Zucman s’attaque aux grosses fortunes, en étudiant le cas des États-Unis. Et déjà, ils proposent des solutions pour rétablir «une justice fiscale». Les années passant, l’expert prend du poids dans le débat public. Il a notamment éveillé la curiosité de Bernie Sanders et Elizabeth Warren en 2020, alors candidats à la primaire démocrate. En 2022, il prend la tête de l’Observatoire européen de la fiscalité, qu’il avait créé.
Désormais, l’économiste assume une radicalité, née de sa confrontation «à San Francisco au fossé délirant qui sépare les milliardaires de la tech des milliers de sans-abri». En France, désormais, sa proposition choc est reprise par la gauche, de La France insoumise au Parti socialiste. Mais le principal intéressé l’assure, il n’entend pas surfer sur la popularité de sa mesure pour se lancer en politique. Interrogé à ce sujet par nos confrères du Huff Post, il est catégorique : «La seule chose qui m’intéresse, c’est la recherche, et j’aime beaucoup trop ce métier pour envisager quoi que ce soit d’autre.»
Des travaux remis en cause
S’il nie donc vouloir se lancer en politique, Gabriel Zucman est tout de même perçu comme un activiste, notamment par des grands chefs d’entreprise. Désigné comme un «drapeau de la révolte» par le patron du groupe E. Leclerc à l’antenne de BFMTV, l’économiste est la cible de nombreuses critiques. Thierry Breton a même remis en cause le sérieux de l'universitaire. «Monsieur Zucman a souhaité être professeur à l’Université de Harvard où j’ai moi-même été professeur. Fort de ses travaux, il s’est présenté, et ce qui est assez inédit, le doyen de Harvard et l’administrateur ont décidé de ne pas l’accepter dans le corps professoral parce qu’ils estimaient que ses travaux n’étaient pas assez sérieux et biaisés», a assuré l’ancien commissaire européen sur LCI. Une attaque qualifiée de «fake news» par l’entourage du principal concerné.
D’autres opposants à la taxe Zucman estiment que les travaux de l’économiste ne sont pas complets. Ainsi, Christian Gollier, économiste belge et ancien directeur de la Toulouse School of Economics, confie à 20 Minutes quil pense «que la gauche sous-estime les effets à long terme d’une fiscalité élevée sur le capital». Selon lui, «si la France est la seule à mettre en place une taxe sur le patrimoine professionnel à un taux beaucoup plus élevé que dans les autres pays, tous les Français y perdront». Une analyse qui le pousse à qualifier une telle taxe de «suicidaire».



















