«La taxe Zucman est inconstitutionnelle». Interrogé par les chaînes d’information en continu dimanche 31 août, François Bayrou a défendu son budget 2026 un peu plus d’une semaine avant le vote de confiance dans lequel il engagera son gouvernement. Interrogé sur la taxe Zucman, censée taxer 2% des patrimoines de plus de 100 millions d’euros, le Premier ministre a une nouvelle fois affiché son opposition. «La taxe Zucman est une menace sur les investissements en France», a-t-il poursuivi, considérant que les entreprises «allaient partir».

Dénonçant un certain «nomadisme fiscal», François Bayrou a estimé que les gens vont aller s’installer ailleurs si une telle mesure était mise en place, comme le réclame la gauche, notamment le parti socialiste. Non présent sur le plateau, l’économiste à l’initiative de cette idée, Gabriel Zucman, lui a répondu quelques heures plus tard sur le réseau social X. Se disant «très surpris» par les propos de François Bayrou concernant cet impôt touchant «1 800 foyers fiscaux», il a qualifié également d’«incompréhensible» la crainte d'une diminution des investissements.

Un impôt sur les riches, pas sur les sociétés

Gabriel Zucman martèle le fait que «l'impôt plancher ne touche pas les entreprises, mais les ultra-riches, sur leur fortune mondiale» et donc qu’il «ne s'agit pas d'augmenter l'impôt sur les sociétés». Et il l’assure : «Il ne changerait rien à l'attractivité de notre pays pour les investissements étrangers.» Une réponse à une autre critique de François Bayrou, qui le 31 août, rappelait que la France avait conclu 126 conventions fiscales avec 126 pays étrangers. Leur premier article ? «Si vous changez de pays, c’est le pays qui vous accueille qui prélève les impôts».

Or, selon François Bayrou, une convention internationale est au-dessus des lois. Là encore, Gabriel Zucman s’appuie sur une étude du Conseil d'analyse économique (CAE), rappelle BFMTV. Cette dernière précise que «les départs des hauts patrimoines peuvent en théorie avoir des effets significatifs sur l’économie». Si «l’expatriation d’un actionnaire détenant plus de 10% du capital d’une entreprise entraîne en moyenne une baisse de 15% du chiffre d’affaires cinq ans après son départ», la CAE note que l’effet est «relativement modeste».

Un impôt constitutionnel, selon Gabriel Zucman

Depuis, les défenseurs et les opposants d’une telle mesure s’opposent, le gouvernement alertant sur les conséquences néfastes pour l’économie française tandis que le gouverneur de la Banque de France mettait même en garde contre un risque d’«illusion fiscale». Quant à une possible inconstitutionnalité du dispositif, là encore Gabriel Zucman s’inscrit en faux : «Non seulement l'impôt plancher est constitutionnel, mais plus que cela : il viendrait mettre en conformité nos lois avec nos principes constitutionnels fondamentaux d'égalité devant l'impôt, qui sont aujourd'hui bafoués.»