
BlaBlaCar s’invite sur les chemins de fer. A partir de ce jeudi 15 mai, les utilisateurs français de l’application ont accès à un nouveau service : la réservation de billets de trains du réseau SNCF. TGV, TER, Intercités, Lyria… L’entreprise commence par les destinations les plus populaires et donne déjà accès à plus de 350 gares en France. «Cela couvre les besoins de 85% de nos utilisateurs. On ne va pas s’arrêter là», promet Adrien Tahon, directeur Europe de BlaBlaCar. Avec ce nouveau service, le leader incontesté du covoiturage, qui s’était déjà lancé sur les bus en 2019, diversifie encore plus son offre de transports.
Quelles seront les différences avec SNCF Connect ? Côté tarifs, aucune : les billets de train seront proposés au même prix sur les deux applications. De la même manière, l’ouverture des réservations aura lieu à la même date. Un élément important pour les périodes de grands départs. «Si vous êtes familier avec SNCF Connect, vous savez que le jour de l’ouverture des ventes, c’est très compliqué. Ça plante. Il y a beaucoup trop de monde. Venez chez BlaBlaCar. Chez nous, ça ne plantera pas !», taquine Erwin Coffy, responsable trains chez BlaBlaCar. En intégrant les trajets en train, l’entreprise veut aussi permettre aux utilisateurs de comparer plus facilement les tarifs entre le rail, le bus et le covoiturage. Par exemple, s’ils recherchent un trajet Paris-Lyon, les utilisateurs ont le choix entre 96 covoiturages, 13 bus et 19 trains, selon un inventaire effectué par BlaBlaCar ce 15 mai.
Pour les cartes de réduction et les Ouigo sur BlaBlaCar, encore un peu de patience…
La connexion des wagons reste un art difficile. Dans un premier temps, les utilisateurs ne pourront donc pas utiliser leur carte de réduction SNCF sur BlaBlaCar, un désavantage par rapport à SNCF Connect. L’arrivée de cette fonctionnalité est néanmoins prévue dès cet été. «Connecter le train et la complexité des cartes, c’est un travail colossal d’un point de vue technique», a expliqué Nicolas Brusson, cofondateur et directeur général de BlaBlaCar. Les utilisateurs peuvent annuler leur billet et se faire rembourser avec les mêmes conditions que sur SNCF Connect mais les billets aller-retour et la possibilité d’échanger son billet viendront plus tard. Tout comme les trains à petits prix Ouigo. A terme, BlaBlaCar souhaite en tout cas élargir le nombre de gares desservies. Et étendre ce service dans d’autres pays d’Europe, même si le calendrier reste flou pour ce grand chantier.
Plus tard encore, le rêve de BlaBlaCar serait de pouvoir offrir des trajets porte-à-porte, en proposant des parcours combinant rail, bus et covoiturage si besoin. «J’espère que dans quelques années cela deviendra une réalité pour les utilisateurs», projette Nicolas Brusson, qui parle d’un «graal de la mobilité». Un seul moyen de transport partagé n’apparaît pas dans tous ces projets : les voyages en avion ! Cela ne chagrine pas BlaBlaCar qui met souvent en avant son impact positif sur la décarbonation. D’autant plus que le marché des vols domestiques n’est pas si important, selon Nicolas Brusson. «Les gens vont sur BlaBlaCar pour faire des trajets de 100 à 600 kilomètres», rappelle-t-il.
Avec tous ces projets, le champion du covoiturage cherche à saisir des opportunités au moment où le marché du train se libéralise. «D'ici quelques années, il y aura de plus en plus d’opérateurs ferroviaires. Pour l’utilisateur, cela va devenir de plus en plus compliqué de trouver la bonne application qui va tout rassembler. Ce que SNCF Connect ne fait pas aujourd’hui», analyse Nicolas Brusson. Ainsi, l’application intègre déjà des trajets de Renfe vers l’Espagne et pourrait proposer plus tard des trains Trenitalia. BlaBlaCar n’est pas le seul comparateur. Des acteurs comme Trainline et Liligo se positionnent sur le même créneau. Nicolas Brusson anticipe ainsi «une bataille de la distribution» sur le ferroviaire. Le départ d’un sacré train qu’il ne compte pas rater.



















