Défense : les secrets de fabrication du Rafale de Dassault, dont l'Inde va acheter 26 unités

Le montant du contrat indien, qui prévoit donc le remplacement de vieux MiG-29 de conception soviétique, dont l'entretien et le maintien en condition opérationnelle sont rendus plus compliqués depuis la guerre en Ukraine, s’élèverait à 6,6 milliards d’euros. Le fruit d'un âpre travail diplomatique depuis 2018, dont le point d'orgue fut les visites du Premier ministre indien en France, Narendra Modi, d'abord pour le 14 juillet 2023, puis encore en février dernier pour l'inauguration d'un consulat à Marseille.

Mais qui fabrique quoi sur cet avion de chasse au succès à l'export indéniable ? Éléments de réponse.

1/ Une équipe de France

Il faut plus de 30 000 pièces pour assembler un Rafale, produites par 400 entreprises, «toutes françaises» selon Dassault. Ce sont 25 kilomètres de câblage et 300 000 fixations en tout. Dassault pèse près de 60% du poids économique de l’avion, devant Thales (22%) et Safran (18%). Son prix unitaire varie en fonction des versions (biplace, Air, Marine) et des quantités commandées par les États : mise à prix autour de 70 millions d’euros l’unité.

2/ Dassault maître d’œuvre

Principal maître d’œuvre de l’avion de chasse, Dassault Aviation procède à l’assemblage final du Rafale dans son usine de Mérignac, en Gironde. Mais des blocs complets de l’avion sont produits sur d’autres sites : le tronçon arrière, la gouverne et la dérive à Biarritz (64), le fuselage à Cergy (95) et les verrières à Poitiers (86). Face à la demande croissante, Dassault va pousser sa production à 3 avions par mois en 2026, puis 4 en 2028.

3/ Un moteur surpuissant

Développé majoritairement par Safran sur ses sites de Corbeil-Essonnes (91) pour les pièces, puis Villaroche (77) pour l’assemblage final, le turboréacteur M88 équipe le Rafale depuis 1996. D’un poids proche de 900 kg, il en est à sa quatrième évolution (standard F4). Sa vitesse maximale est d’environ 2 000 km/h (Mach 1,8). Il y a un an tout juste, Safran assemblait son 700e réacteur M88.

4/ L’électronique partout

Le groupe spécialisé dans l’électronique embarquée Thales produit pour le Rafale les éléments visuels du cockpit. Écrans vidéo, émetteur radio, système de navigation et de communications, autant de composants indispensables à la mission. De plus, il équipe le chasseur en radars multifonctions qui détectent les présences étrangères à 360°, et guide aussi les missiles en phase offensive. Ce sont les yeux et les oreilles du pilote.

5/ Le système d’arme

La polyvalence du système d’arme du Rafale permet des combats aériens (air-air) et des frappes au sol (air-sol). KNDS produit à Bourges (18) des canons, montés sur une tourelle intégrée dans le fuselage de l’avion, avec une cadence de tirs de 2 500 coups par minute. Pour les missiles, 14 points d’emport sont prévus. C’est MBDA qui produit les Scalp (croisière), Exocet (antinavire) ou Mica (interception). Déjà capables d’emporter la bombe nucléaire, les futurs escadrons de Rafale au standard F5 (en 2030) disposeront d’un tout nouveau missile nucléaire.

6/ L’oxygène embarqué

Pour permettre aux pilotes de mener à bien leurs missions supersoniques, le cockpit du Rafale est pressurisé grâce à un système d’oxygène embarqué baptisé Obogs. Développée pendant plus de vingt-cinq ans par Air Liquide, avant d’être cédée en 2024 à Safran, cette activité emploie plus de 200 personnes à Sassenage, près de Grenoble. À bord du Rafale, le système est complété par une petite bonbonne d’oxygène, intégrée au siège du pilote pour lui permettre de respirer en cas d’éjection.