Sous un doux soleil de fin d’automne, l’on s’active dans les vastes vergers des Chauvet, arboriculteurs depuis cinq générations à Noves (Bouches-du-Rhône), à proximité d’Avignon. Le travail en cours? Le troisième et ultime passage dans les 8 hectares dédiés à la Pink Lady, la variété de pomme la plus tardive que l’on ramasse entre fin octobre et mi-novembre. Installés sur des plateformes, des saisonniers cueillent les derniers fruits mûrs à un rythme des plus soutenus. Ils doivent chacun en tomber 150 kilos à l’heure, soit nettoyer une dizaine d’arbres. «Même si l’on a connu du gel en avril, les fruits sont beaux, colorés et charnus, se félicite le patron de l’exploitation, Philippe Chauvet. J’en obtiendrai au moins 70 centimes le kilo, c’est 30 à 50% de plus qu’avec la plupart des autres pommes.»

Cet agriculteur peut se réjouir devant sa récolte de Pink Lady, l’une des rares variétés qui permet de «s’en sortir» dans le métier. Elle a vu ses ventes doubler en dix ans et compte désormais pour 8% du marché français en valeur, faisant chuter la granny smith de la troisième place du podium. Cette jolie sphère à la robe doré et écarlate prospère alors qu’elle est l’une des plus chères en rayon, où on la distingue avec son packaging rose et son logo en forme de cœur (2,90 euros le kilo, fin 2021, selon Kantar).

Très fort, car la grande distribution et les importations espagnoles, belges ou polonaises pèsent sur les prix, notamment sur ceux des populaires gala (1,70 euro le kilo, 35% du marché) et golden (2 euros, 25%). La concurrence a d’ailleurs fait reculer le verger français (-15% en dix ans), mais les surfaces consacrées à cette variété miracle, elles, augmentent (+78%). Explication, la production tricolore (137.000 tonnes en 2021) s’écoule pour les trois quarts à l’export. Car la «pink» cartonne un peu partout. Elle figure dans le top 3 des ventes en Europe du Nord. Son chiffre d’affaires mondial dépasserait, lui, 1,5 milliard d’euros.

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