
Un inconnu s’approche de votre immeuble, déverrouille une boîte à clés dans la rue, avant de s’inviter dans votre copropriété pour quelques nuits. Alors qu’Airbnb a fait de la France son deuxième marché mondial, la scène est devenue banale dans de nombreuses destinations de vacances… Même si, face à la pénurie de logements, plusieurs municipalités s’attaquent à la plateforme leader, qui affiche plus de 1 million d’annonces dans l’Hexagone ! A Paris, la tolérance en matière de location de sa résidence principale vient ainsi de passer de 120 à 90 jours par an, et Marseille passe à l'attaque également en appliquant cette limite dès 2026.
La résistance s’organise aussi du côté des concurrents français à l’ogre américain. Il y avait bien sûr déjà le site Leboncoin, qui revendique plusieurs centaines de milliers d’annonces. Ou encore le réseau Gites de France, qui fête ses 70 ans en 2025 et qui dispose de 55 000 hébergements. À côté de ces solutions, de nouveaux venus comptent aussi s’imposer, à l’image de Gens de Confiance, un site communautaire lancé en 2014 à Nantes et comptant 85 salariés, ou de GreenGo, une plateforme dédiée aux hébergements responsables créée en 2021.
Gens de Confiance et GreenGo mettent l'accent sur l'originalité des logements
Pour se distinguer d'Airbnb, ces challengers soignent tout d’abord leur catalogue de logements, présenté comme exclusif. Chez Gens de Confiance, près de 60% des 20 000 locations saisonnières ne sont pas publiés sur d’autres plateformes. Autre force du site : son offre de maisons familiales, pouvant accueillir 10 personnes et plus. Chez GreenGo, dont le catalogue a lui aussi passé la barre des 20 000 hébergements (à 80% tenus par des professionnels), l’accent est plutôt mis sur l’originalité. Cette «alternative responsable à Booking et à Airbnb», qui promeut des vacances locales propose en effet des logements atypiques : chalets, cabanes perchées dans les arbres, tiny houses plantées dans la verdure, yourtes…
Bien sûr, afficher de telles offres originales serait impossible si ces sites ne veillaient pas à rassurer les propriétaires quant au pedigree des futurs locataires. Chez Gens de Confiance, par exemple, les voyageurs doivent au préalable obtenir trois parrainages s’ils veulent accéder aux annonces. Même si la plateforme compte désormais 2 millions de membres, ce tri permet d’éloigner les personnes discourtoises et/ou malintentionnées. «Sur le marché de la location de vacances, les arnaques sont très présentes, rappelle Bertille Marchal, directrice marketing du site. Quand un propriétaire confie sa maison, il y a un enjeu émotionnel. Sur Gens de Confiance, beaucoup arrivent à passer un cap qu’ils n’auraient pas franchi ailleurs.»
Même stratégie chez GreenGo, où les propriétaires sont assurés de tomber sur des voyageurs sensibilisés au développement durable et ayant des valeurs communes. «Notre sélection porte sur l’empreinte environnementale et la qualité de l’expérience. Ce n’est pas juste une chambre avec une boîte à clés, qui sert à de l’investissement locatif», affirme Guillaume Jouffre, cofondateur de la plateforme. Une telle démarche communautaire implique toutefois de se passer d’options bien pratiques. Chez Gens de Confiance, par exemple, la réservation instantanée est impossible, même si le logement s’affiche comme disponible sur le calendrier de location. «Nous trouvons important que les utilisateurs se parlent avant», justifie Bertille Marchal.
Entre les plateformes de location saisonnière, la bataille des frais
Ces sites n’en oublient pas pour autant les vacanciers eux-mêmes, en s’attachant à préserver leur portefeuille. Chez GreenGo, par exemple, le tarif médian d’une nuitée avoisine les 90 à 100 euros pour un couple. «Cela coûte moins cher de voyager de façon écoresponsable parce que les hébergements sont plus économes en énergie», souligne Guillaume Jouffre. Ces plateformes se battent surtout pour afficher des frais inférieurs au leader. Chez Gens de Confiance, les frais s'élèvent à 11% TTC et s'ajoutent au tarif de la nuitée. Côté GreenGo, on facture 14% de frais, qui viennent cette fois en déduction du montant reversé aux loueurs.
Chez Airbnb, il existe deux systèmes de facturation. Un système de frais partagés entre le voyageur et l'hôte : dans ce cas «la plupart des frais de service voyageur sont inférieurs à 14,2% du sous-total de la réservation», renseigne la plateforme. Notons que selon plusieurs simulations effectuées par Capital, les frais de service peuvent parfois atteindre 17 ou 18% dans cette formule. Il existe aussi un système de tarification simplifiée chez Airbnb où la totalité des frais est déduite du versement effectué à l'hôte. Dans ce cas, «les frais de service se situent généralement entre 14 et 16 %», indique la plateforme américaine.
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