
Sébastien habite un appartement de 120 mètres carrés. Sa facture d’électricité et de gaz n’excède pas 730 euros par an. Camille, elle, vit dans moins de 80 mètres carrés. Pourtant, sa facture énergétique annuelle tutoie les… 3 000 euros. L’explication tient en trois lettres : DPE (diagnostic de performance énergétique). Le logement de Sébastien est classé A sur le DPE, soit la meilleure note possible, alors que celui de Camille obtient la plus mauvaise, G.
«Les écarts de besoins énergétiques au mètre carré, en fonction des étiquettes (de DPE), sont élevés. Bien que les logements notés A soient nettement plus grands que ceux classés G, les dépenses énergétiques de leurs occupants, pour les maintenir dans un confort thermique standard, sont en moyenne quatre fois moins élevées», constate l’Insee, dans une étude publiée ce jeudi 3 avril. Les occupants de logements notés F et E ne sont pas logés à meilleure enseigne : les premiers doivent dépenser 2 500 euros par an en électricité et en gaz, pour chauffer correctement une superficie moyenne de 80 mètres carrés, et les seconds, 2 000 euros.
Beaucoup de personnes âgées dans des passoires thermiques
C’est logiquement dans ces logements classés G, F ou E, regroupés sous le vocable de «passoires thermiques», que vivent près des trois quarts (71%) des quelque 5 millions de ménages français «vulnérables» sur le plan énergétique, selon l’Insee. Il ne s’agit pas de personnes en situation de précarité énergétique, caractérisées, entre autres, par des revenus modestes, mais de foyers dont les dépenses énergétiques liées au logement représentent plus de 9,2% de leurs revenus. Soit le double de ce que dépense la moitié des ménages français qui n’est ni en situation de précarité énergétique ni en situation de vulnérabilité énergétique. Cette dernière est définie par l’Insee comme «une exposition plus ou moins forte des ménages au risque de devoir arbitrer leurs dépenses, au détriment du confort thermique de leur logement».
Qui sont ces ménages «énergétiquement vulnérables» ? La moitié d’entre eux est constituée de personnes seules, âgées de plus de 60 ans. D’abord parce que plus de la moitié d’entre elles réside dans des logements notés E, F ou G sur le DPE. Ensuite, les personnes seules disposent de revenus plus modestes que les autres, avec une moyenne de 1 960 euros par mois, contre un revenu disponible mensuel moyen de 3 400 euros en France métropolitaine. Avec une proportion de 15 %, les familles monoparentales sont elles aussi nettement plus concernées par la vulnérabilité énergétique que les autres ménages, là aussi en raison de revenus moindres.
Etre propriétaire ne protège pas de la vulnérabilité énergétique
Par ailleurs, «être propriétaire de son logement ne protège pas de la vulnérabilité énergétique», 18,3% des propriétaires occupants se trouvant dans cette situation, soit un peu plus que les locataires (16%), souligne l’Insee. Et 74% d’entre eux vivent dans des passoires thermiques. La rénovation énergétique de leur logement représente donc «un enjeu majeur» pour eux, reconnaît l’Insee.
Bonne nouvelle, les trois quarts des ménages vulnérables sur le plan énergétique, et propriétaires occupants de passoires thermiques, sont éligibles à une prise en charge d’au moins 60 % du coût de leurs travaux par MaPrimeRénov’, la principale aide publique à la rénovation énergétique des logements privés, met en exergue l’Insee. Tout en reconnaissant que «les restes à charge peuvent demeurer dissuasifs».

















