
Comment satisfaire les nouveaux canons de l’hospitalité sans renoncer à ce qui fait sa singularité quand on est un palace appartenant à la même famille depuis six générations ? C’est ce défi qu’a su relever le Grand Hôtel Excelsior Vittoria, une institution perchée sur les falaises de Sorrente dont le charme délicieusement suranné est peut-être, justement, l’atout principal. Avec sa vue imprenable sur la Baie de Naples et une qualité de service qui sait aller au-delà de ce que l’on attend d’un Cinq étoiles, l’hôtel a élu en 2024 Meilleur Resort d’Italie par les lecteurs du prestigieux magazine de voyages américain Travel + Leisure.
Une distinction dont Guido Fiorentino, l’actuel Président et Directeur Général, est évidemment fier. Ravi d’avoir défié le temps et maintenu depuis ses débuts un sens de l’accueil affuté, témoin de l’âge d’or de la villégiature, il se montre intraitable sur le maintien de traditions vieilles de deux siècles : «Pas question de perdre l’âme de cette demeure dans laquelle j’ai grandi, où chaque recoin me rappelle un souvenir. Encore moins de la céder à l’un des nombreux groupes hôteliers qui régulièrement me sollicitent», affirme ce passionné soucieux de son indépendance. Qui se dit tout aussi attaché à cultiver un art de vivre que d’aucuns qualifieront d’old school mais auquel succombent même les millenials les plus avides de modernité.
Le Grand Hôtel Excelsior Vittoria : un luxueux havre de paix
Initialement baptisé Locanda Rispoli - modeste auberge fondée par Aniello Rispoli dont la fille épousera Raffaele Fiorentino, un homme d’affaires à la grande habileté entrepreneuriale - le Grand Hôtel Excelsior Vittoria, érigé en 1834, s’est enrichi au fil des décennies d’un jardin luxuriant planté de 200 espèces méditerranéennes. Et de trois bâtiments, face à la mer, le Victoria et la Rivale, deux édifices néo-classiques à la silhouette altière, et la Favorite, un surprenant chalet de style autrichien, construit à la demande d’un Lord anglais pour le moins excentrique.
Un luxueux havre de paix avec vue dont la terrasse aimante depuis ses débuts têtes couronnées - de l’impératrice d’Autriche (la célèbre Sissi) à la princesse Victoria de Suède en passant par Margaret d’Angleterre - et illustres artistes, à l’instar de Richard Wagner qui acheva ici Parsifal en 1876, ou des ténors italiens Enrico Caruso et Luciano Pavarotti qui ont donné leurs noms à deux suites. Parmi les stars contemporaines habituées des lieux, on cite l’actrice Barbra Streisand, le réalisateur Brian de Palma ou encore le chanteur Lionel Richie et l’acteur Jude Law.

Une vue imprenable sur la Baie de Naples
Tous sont séduits par la proximité spectaculaire du Vésuve, des iles de Procida et d’Ischia et par l’omniprésence du bleu de la mer Tyrrhénienne. Grâce à sa topographie saisissante, la baie de Naples offre un spectacle naturel parmi les plus envoûtants du sud de l’Italie. Une bande côtière qui semble sortie d’un songe avec une succession de falaises en tuf, de villages colorés, de jardins étagés striés de lauriers roses ou de bougainvilliers et d’oliviers à foison.
Et ce n’est pas un hasard si cette partie de la Campanile, hier surnommée le Golfe des Sirènes, fut au XIXe siècle une étape incontournable du Grand Tour de l’aristocratie européenne. Byron, Dickens, Goethe ou Nietzsche sont quelques-uns des génies qui y ont aussi laissé leur empreinte, contribuant à inscrire Sorrente sur la carte des amoureux de la culture et de la douceur de vivre.

Moderniser l'hôtel tout en conservant son âme
Si le jardin d’hiver Art Nouveau, l’enfilade de salons Belle Époque - où paradent consoles XIXe, miroirs dorés à la feuille d’or, carreaux de majolique fabriqués à la main par de Vietri – et les fresques peintes au plafond sont soigneusement entretenus, la famille Fiorentino a néanmoins entamé une révolution douce pour inscrire l’hôtel dans l’époque. Sans défigurer son âme, elle a agrandi et offert un lifting aux 80 chambres et suites. Ajouté une piscine, chauffée toute l’année, un spa Valmont et construit un restaurant gastronomique -le Bosquet- étoilé au Michelin.
Un virage entamé d’une main ferme par Guido Fiorentino : «depuis que j’ai pris la direction de l’établissement en 2010, assisté de mes deux fils de 25 et 29 ans, je veille à garder son identité tout en la mettant aux normes du XXIème siècle». Parmi les dernières nouveautés, l’hôtel s’est doté l’an passé d’un pétillant bar à champagnes avec une pergola posée au milieu du jardin, dont les orangers et les citronniers (cette région cultive les meilleurs citrons d’Italie avec lesquels on fabrique le fameux Limoncello) embaument l’atmosphère. Une manière de savourer, jusqu’au bout de la nuit, les plaisirs de Sorrente.
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