
Trop frileux, les épargnants Français ? Avec la baisse des rendements des produits sans risque cette année - à l'instar du Livret A -, on pouvait s'attendre à ce qu'ils prennent plus de risque avec leurs économies, dans l'espoir de gagner davantage. Mais cela n'a pas été le cas. Car selon le baromètre BPCE L'observatoire, publié mardi 14 octobre, l'instabilité politique en France a détourné les ménages de l'investissement en Bourse.
Plusieurs données l'illustrent. D'abord, l'encours des plans d'épargne en actions (PEA), le produit fiscalement le plus intéressant pour investir en Bourse en Europe. Selon le baromètre, les volumes d'argent placés sur ce produit «s’établissent à 119 milliards d’euros à fin juin 2025, niveau quasi inchangé par rapport au précédent pic de 2006», tandis que sur cette période, l'indice qui regroupe les 120 plus grandes entreprises françaises (le SBF 120) a progressé de 45%.
Les volumes investis en PEA et en unités de compte plafonnent
Même constat avec un placement plus grand public comme l'assurance vie, qui permet aussi d'investir sur les marchés financiers. D'après le baromètre, une bonne partie de l'épargne sécurisée des Français - détenue sur des Livrets - a bien été transférée vers l'assurance vie, mais en plus grande proportion vers sa partie garantie sans risque, le fonds en euros. Les volumes orientés sur les unités de compte (UC), qui permettent notamment l'investissement en actions, sont, eux, en recul : la part d'UC a atteint un niveau historique à 40% des versements en 2022-2023, puis a été «ramenée à 38% en 2024 et plafonne à ce niveau depuis lors. Il pourrait être légèrement orienté à la baisse sur la fin de cette année», pointe l'étude.
Mais est-ce nécessairement une mauvaise stratégie ? Depuis l'annonce de la dissolution de l'Assemblée nationale, BPCE L'observatoire note que le CAC40 a reculé de 4% sur 15 mois. Autrement dit, un épargnant qui aurait misé dessus sur cette période aurait bien perdu de l'argent. Mais depuis le début de cette année, l'indice phare de la Bourse parisienne s'est bien repris, et affiche à date une progression de 10%.
Plus de 30% de hausse sur le «CAC» espagnol cette année
Surtout, se focaliser sur l'instabilité politique hexagonale peut faire manquer des opportunités boursières chez nos voisins : le Dax allemand a progressé de 23% depuis le début de l'année, l’Ibex espagnol de 33%, et le Mib italien de 25%. Autant d'indices auxquels on peut s'exposer via des ETF («trackers») ou en misant sur les grandes actions qui les composent, avec un PEA (dédié aux actions européennes), une assurance vie, ou encore un compte-titres ordinaire.
Et pour continuer à investir en France, il est possible de passer la critique politique et budgétaire en se réorientant vers des secteurs plus «défensifs», c'est-à-dire «qui ont tendance à mieux résister, en relatif, quand le reste de la Bourse est à la peine», explique Alexandre Baradez, analyste chez IG France. Parmi ces secteurs, on pense aux services aux collectivités (Engie, Veolia), aux télécoms (Orange, Eutelsat) ou encore à la santé (Boiron, Sanofi). Autant d'entreprises «dont la politique affecte à la marge l'activité», ajoute l'analyste.



















