Les comptes de Marie et Tony, dépensiers, passés en revue par notre coach

La méthode des enveloppes. «Nous avons essayé la méthode des enveloppes pour y mettre du cash mais je n'ai pas trouvé ça pratique. Il aurait fallu qu'on les ait tout le temps sur nous. Sans oublier d'aller à la banque pour retirer de l’argent. J'aimerais pouvoir me servir de mes différents livrets rémunérés. Je regrette que l'application de notre banque ne permette pas ça. Je viens de télécharger l’application Suméria/Lydia pour essayer de créer des enveloppes virtuelles : il me reste à découvrir. En tout cas, le système des enveloppes fonctionne bien pour les dépenses qu'on peut anticiper comme les cadeaux d'anniversaire, les cadeaux de Noël ou les vacances».

Dépenser. «Je trouve cela frustrant de se restreindre financièrement. Par exemple, récemment, nous avons acheté du mobilier pour profiter de notre jardin, une table, une tonnelle, etc. Au bout d'un moment, tous ces petits plus s’accumulent… Depuis que nous sommes dans la nouvelle maison, nous essayons de limiter les sorties que les enfants aiment bien, comme les restaurants ou le karting. Notre fils aîné veut porter des vêtements de marque car il est au collège. Souvent, on dit non, en essayant de repousser l'échéance mais on finit par dire oui et la facture grimpe vite.

Pour l'instant, toutes les dépenses inutiles sont un peu en stand by. Nous sommes assez dépensiers sur la nourriture en terme de quantité. Par exemple, nos enfants mangent autant que les adultes. Nous allons bientôt organiser la fête d'anniversaire de Tony en la faisant à la maison pour essayer de minimiser les frais. De mon côté, j’achète peu de vêtements. J'attends toujours qu'ils soient usés avant de m'en séparer. Mais j'adore les magasins de bricolage et de décoration. J'aime me sentir bien dans ma maison. C'est très compliqué pour moi de rentrer dans un magasin comme ça et de repartir sans rien».

Des frais de santé pas prévus. «Tony vient de faire un bilan ergothérapeutique qui nous a couté 180 euros pour diagnostiquer plusieurs problèmes comme la dysgraphie, la dyslexie et des troubles de l'attention entre autres. L'ergothérapeute nous a conseillé d'acheter une tablette pour l'aider à s'améliorer - un iPad à près de 1 000 euros – et remplacer ses cahiers. Elle lui permettra d'être plus rapide et efficace. Son grand frère nous réclamait depuis un moment une PS5. Toute la prime de Tony de juin (3 500 euros) y est passée».

Un compte courant. «Nous avons un seul compte courant pour les deux. Nous nous sommes mariés en 2010 sous le régime de la communauté de biens. Tout ce que l'on gagne appartient à la famille. Nous parlons sans problème de ce qu'il se passerait en cas de séparation. Nous savons que si nous venions à ne plus nous entendre, nous diviserions en deux tout pour s’assurer que chacun puisse repartir correctement dans la vie. Au quotidien, c'est moi qui gère les comptes. Tony ne sait pas vraiment ce qu'il y a sur nos comptes bancaires, ça ne l'intéresse pas. Je le tiens informé régulièrement. S'il doit faire une dépense, on en parle avant pour savoir si on peut se le permettre».

Dépenser sans compter. «Je rêverais de ne pas avoir à regarder mon compte pour dépenser ce que je gagne. Nous rêvons de jouer au loto sans y jouer ! Plus sérieusement, je voudrais que nous remboursions vite le prêt de la maison pour être libéré de cette mensualité. J'essaie de faire mes comptes de façon régulière mais je trouve cela trop contraignant. Cela me demande trop d'investissement car ça prend trop de place dans ma tête. En fait, je n'arrive pas à trouver ce juste milieu pour être à la fois sereine en suivant les comptes sans le faire constamment tout en ayant la possibilité de se faire un peu plaisir ».

3- Les conseils de la coach en finance

«Marie et Tony font face à une situation que je retrouve très régulièrement dans mes accompagnements : l’argent semble leur échapper et ils sont inquiets pour leur pouvoir d’achat sans visibilité sur les leviers d’action qui leur permettraient davantage de sérénité. Leur vocabulaire au sujet de l’argent est significatif d’un ressenti d’impuissance : c’est le compte qui "passe en dessous de zéro", l’application de banque qui ne lui "permet pas" d’agir sur ses livrets ou encore la facture qui "grimpe vite" et "les petits plus qui s’accumulent".

Du côté de leur budget et de leur gestion, j’observe que les dépenses "habitation" représentent environ un tiers de leurs revenus et que leur budget mensuel de dépenses (charges fixes + charges variables + épargne) représente environ 2/3 de leur budget global, ce qui laisse presque un tiers de "marge de manoeuvre". C’est justement la partie qu’il est plus facile d’affecter en fonction des choix et des besoins du moment ou des projets en cours. Mariés sous le régime de la communauté de biens, ils ont un seul compte courant et leur communication est fluide sur le sujet de l’argent. Mes pistes d’amélioration pour Marie et Tony, mais qui peuvent s’adresser à tous :

• Conseil 1 → Reprendre la main sur leur argent

La société de consommation nous encourage à dépenser sans compter, et c’est d’ailleurs le rêve de Marie : ne pas regarder ses comptes. Comment acheter sans limites avec un budget limité ? Mon conseil : changer complètement de point de vue et poser la question différemment : comment nourrir nos besoins avec nos ressources ? Ce qui demande effectivement de faire le point puis de définir des priorités (plutôt ceci que cela, c’est tout le principe de la gestion, l’affectation).

Cette dynamique de conscience avec l’argent est une façon simple et rapide de reprendre la responsabilité des choix effectués avec leur argent et le meilleur moyen de ne plus ressentir cette forme d’impuissance angoissante. Aujourd’hui, Marie pense que le fait de s’occuper de ses comptes prendrait trop de place dans sa tête, mais quelle place prennent le stress, les nuits sans sommeil, la frustration ?

Les enveloppes ne sont pas la seule solution de gestion possible et la bonne façon de gérer dépend de chacun : tout dépend de l’intention posée. Lorsque l’intention est de vérifier qu’on ne s’en sort pas, ce sera le résultat. Lorsque l’intention est de reprendre la main et se sentir serein, c’est ce qu’on obtient. Le plus difficile est de faire ce premier pas. Prendre conscience que nous sommes entièrement responsables de chaque mouvement d’argent qui passe entre nos mains et d’associer cette responsabilité à la liberté de choisir ce qu’on veut vivre avec nos ressources. C’est ce que j’appelle reprendre le pouvoir sur l’argent.

• Conseil 2 → Etablir des objectifs clairs et assumés pour guider leur gestion

Je lis entre les lignes deux objectifs : améliorer leur lieu de vie et avoir une gestion sereine. Et ils peuvent atteindre les deux objectifs, ce qui les renforce dans leur confiance en eux et en leurs capacités de nourrir leurs besoins. Je rappelle que la gestion c’est l’affectation des ressources disponibles en vue d’atteindre le résultat désiré, ce qui, dans leur cas pourrait se décliner ainsi :

- Définir un "projet" pour chaque livret existant notamment les 2 principaux objectifs : par exemple pour la sérénité, un compte "imprévus prévisibles" pour toutes ces dépenses qui arrivent "au mauvais moment" (comme ici les frais de santé), et bien sûr un compte "amélioration de la maison". Comme ils ont déjà plusieurs livrets, cette répartition leur permet de nourrir leurs objectifs.

- Affecter une vraie part de leur marge de manœuvre sur ces comptes. Ainsi, ils peuvent passer d’une épargne qui dort à une épargne qui leur sert pour leurs projets. C’est une façon de donner à l’argent une destination, le teinter de projets. À ce sujet, pourquoi ne pas changer de banque si les services rendus ne sont pas conformes à leurs attentes ?

*Les prénoms ont été modifiés