Dans cette série, plusieurs couples détaillent leur train de vie au quotidien : dépenses, épargne, revenus… Tout y passe. Avec l'analyse éclairée de Fabienne Dupuij, coach financière et fondatrice de l'école de l'argent. Cette semaine, pour l’épisode 1, Maeva, 28 ans et Dylan, presque la trentaine, ouvrent leur portefeuille.
1 - L’état des lieux
Revenus du couple : 1 725 euros pour le salaire de Dylan + 591,57 euros d'aides cumulées (APL, prime d'activité et allocation de base avec la CAF). Maeva est mère au foyer.
Charges fixes : loyer, factures d'énergie, de téléphone et d'Internet : environ 1 250 euros par mois dont 50 euros d'épargne pour leur fille et entre 100 et 200 euros virés sur un Livret d’épargne populaire (LEP)
Charges variables : entre 700 et 800 euros par mois, qui sont retirés du compte bancaire et répartis dans différentes enveloppes :
- 500 euros par mois pour les courses et les loisirs. Depuis l'arrivée de leur fille, le couple a fait le choix de manger bio. Entre 30 et 60 euros par mois sont consacrés à des restaurants et des sorties.
- Entre 20 et 30 euros par mois pour la maison c'est-à-dire l'électroménager et le jardin.
- 20 euros par mois et par membre de la famille pour des achats type vêtements ou petits plaisirs
- environ 60 euros par mois pour les cadeaux d'anniversaire.
2 - Ils nous parlent de leur argent
Dylan, presque 30 ans et Maeva, 28 ans, habitent dans le sud des Deux-Sèvres et ont une petite fille de presque trois ans.
La méthode des enveloppes. «Pour les finances, nous gérons tout ensemble grâce à ce tableur et aux enveloppes, depuis environ 4/5 ans, avec un seul compte bancaire, car Maeva n'en voulait pas puisqu'elle ne travaillait pas à l'époque. Si besoin, je lui prête ma carte bancaire sans problème.
Nos débuts en tant que couple ont été difficiles en ce qui concerne l'argent. J'étais en recherche d'emploi et Maeva finissait son apprentissage. Depuis qu'elle a découvert cette méthode des enveloppes, qui vise à répartir une somme d’argent maximale dans chaque enveloppe correspondant à un besoin (course, entretien de la maison…), et à ne pas dépenser plus que ce qu’il y a dedans, nous pouvons mettre de l'argent de côté.
Pas de crédit à la consommation. Je suis né dans une famille qui a souvent été en galère pour l'argent donc je me suis juré de ne jamais être à découvert quand je fonderai ma propre famille. Par exemple, nous évitons au maximum les crédits à la consommation. Nous en avions pris un pour acheter un Magimix et un autre pour un lit, mais c'était vraiment du dépannage pour payer en plusieurs fois parce que mes revenus étaient fluctuants à l'époque.
Pas de mariage en vue. Maeva est mère au foyer depuis la naissance de notre fille après une alternance dans le monde de la vente. C'est un choix car nous nous sommes rendus compte que nous y arrivions avec mon salaire de gestionnaire de paie international CloudPaie (en télétravail à temps plein).
Nous nous sommes pacsés en 2022 pour le côté symbolique. Pour l'instant, nous ne voulons pas nous marier pour des raisons financières, c'est un certain budget pour organiser quelque chose à notre image.
Le mariage, pour être mieux protégé, ne nous a même pas traversé l'esprit. En fait, nous avons du mal à nous dire que l'autre doit être protégé en cas de séparation, parce qu'on ne l'envisage pas pour l'instant. Même si nous avons déjà parlé de séparation, et que sur le papier il est admis que c’est moi qui ai payé ses vêtements, son téléphone et le bureau par exemple, c’est à elle, donc elle les gardera.
Un potager et des achats d’occasion. Côté dépenses, nous avons fait le choix de manger uniquement bio depuis que nous avons notre fille, avec une consommation de viande entre 3 et 4 fois par semaine. Notre dernier gros poste de dépense a été pour faire un potager dans le jardin, 160 euros d'outillage, engrais et quelques plantes, mais nous nous y retrouverons quand nous pourrons ramasser des tomates et des courgettes. Nous achetons beaucoup d'occasion également pour les meubles et les vêtements. Nous avons acheté la garde-robe de notre fille pour 127 euros…
Un projet immobilier quand les taux des crédits le permettront. Pour les enveloppes, nous sommes assez souples et s'il manque de l’argent pour une dépense exceptionnelle, nous pouvons prendre sur le compte bancaire.
Pour les grosses dépenses exceptionnelles, nous mettons de côté régulièrement. Par exemple, nous avons besoin d'un nouveau canapé, mais nous voulons de la bonne qualité pour éviter d'en racheter un dans quelques années. Pareil pour les vacances, nous prévoyons le budget en fonction de ce que nous voulons faire, en mettant de côté chaque mois. L'année dernière, c'était la première fois que nous partions tous les trois en famille – sans aller visiter nos familles. Nous sommes allés dans un camping dans le Pas-de-Calais.
Côté logement, nous sommes locataires. Nous avons le projet d'acheter mais ce n'est clairement pas le moment par rapport aux taux !»
3 - Les trois conseils de la coach financière
«Leur gestion de l'argent est très claire et complètement assumée. D'après ce qu'ils disent, cela semble être un sujet fluide et naturel, sans rapport de force. La gestion de l'argent se définit comme l'affectation des ressources disponibles en vue d’atteindre le résultat désiré et je trouve qu'ils appliquent le principe à la lettre avec leurs objectifs précis : manger bio, éviter les découverts, épargner pour des projets définis ensemble. En fait, ils sont clairvoyants sur tous les grands sujets de l’éducation financière.
- Ils ont choisi ensemble une méthode de gestion (les enveloppes), savent user de souplesse quand c’est pertinent et répondre à leurs besoins avec leur budget (par exemple avec l’économie circulaire, meubles et vêtements d’occasion).
- Ils se méfient des crédits à la consommation.
- Ils épargnent environ 150 à 200 euros de leurs revenus, ce qui correspond aux fameux 10 % conseillés en coaching financier ! Et leur épargne est dédiée à des projets déterminés, les dépenses exceptionnelles ou les vacances par exemple, qui sont budgétées en avance.
- Ils ont une démarche d’investissement (le jardin potager aujourd’hui, un achat immobilier demain).
- 1er conseil → Maeva doit ouvrir son propre compte bancaire
D’une façon générale, ils affectent leur argent, savent s’en servir comme un outil auquel ils donnent une direction. Ce sont de bons gestionnaires. Ils sont jeunes, très bien câblés, capables surtout et communicants. Mes pistes d’améliorations sont plutôt militantes et "générales".. Je trouve qu'il est important que chaque individu ait une identité bancaire. Je rappelle que les femmes ont obtenu le droit d’ouvrir un compte bancaire et d’administrer leur propre argent, il y a moins de 60 ans, avec des conséquences significatives sur leur indépendance et l’égalité des sexes. Un compte courant personnel, c’est un endroit de puissance, de liberté, de valeur de soi et de choix. Si un jour Maeva reçoit de l'argent (de sa famille par exemple), le fait de pouvoir en disposer, de l’épargner pour un projet ou de le verser sur le compte commun lui appartiendrait.
Par ailleurs, la partie des allocations de la CAF qui la concerne pourrait être reversée sur son compte afin qu’elle ait elle aussi la possibilité de contribuer en reversant une somme sur le compte commun. Cela peut sembler symbolique, mais c’est important.
- 2e conseil → Utiliser la méthode du prorata
Je conseille souvent la méthode du prorata : le couple détermine le budget commun (toutes les dépenses qui concernent le projet commun), puis additionne les revenus et calcule ce que chacun doit verser de façon équitable. Ainsi, si l’un apporte 70% des revenus, il contribue à hauteur de 70% des dépenses communes et l’autre à 30%). Chacun garde sur son compte personnel un montant qu’il gère en toute liberté.
- 3e conseil → Envisager les conséquences d’une séparation
Enfin, j'inciterais Maeva et Dylan à parler des conséquences financières d’une séparation pendant qu'ils s'aiment, de la même manière qu’ils sont pragmatiques dans leur gestion. C’est un acte d’amour de soi et d’amour pour l’autre que de s’assurer que l’autre reste bien par choix, et non par peur de ne pas pouvoir s’en sortir financièrement. En cas de complications, l'argent n'est pas un bon motif pour "ne pas" se séparer, donc mieux vaut communiquer sur ce sujet quand tout va bien pour établir un plan et s’y tenir en cas de naufrage. Sinon, à ce moment-là, ce serait la double peine : avoir à gérer des problèmes d'argent en plus des problèmes émotionnels et relationnels ».
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