Les comptes d’une grande famille recomposée passés en revue par notre coach financière

Mais cela fait quelques mois que cela commence à être compliqué, car nous avons eu des dépenses imprévues comme une régulation d'électricité de 1 400 euros, la batterie et un pneu d'une voiture à changer… En ce moment, nos comptes sont vraiment au maximum du découvert, ça génère de l'angoisse, même si on y arrive, on se dit qu'il y a pire que nous ».

Mariage, contrat et notaire. «Nous nous sommes mariés en 2022, avec un contrat de mariage en séparation de biens. Surtout, nous sommes passés devant le notaire puisque nous avons des enfants de chaque côté. S'il arrive quelque chose à Guillaume ou moi, l'autre parent aura l'usufruit de la maison. La maison nous appartient à 50/50, mais Guillaume a injecté 110 000 euros d'apport grâce à la vente d'un appartement qu'il avait acheté il y a 20 ans.

Nous avons aussi prévu le coup chez le notaire : en cas de séparation, il est sûr de récupérer au minimum sa mise. En cas de divorce, on en a déjà parlé, il me laissera le frigo ! Plus sérieusement, tout servira à rembourser nos différents prêts. Nous avons une voiture de 9 places que mon oncle nous a aidé à acheter, donc on le rembourserait, ainsi que Guillaume qui a dû vendre sa voiture pour la financer».

Au quotidien. «Pour les dépenses du quotidien, notamment la nourriture, c’est pour tout le monde pareil, nous ne faisons pas de distinction entre les enfants. Pour les vêtements par exemple, si Guillaume doit faire des dépenses pour ses enfants, il achète avec son compte bancaire. Pour mes plus grands enfants, j'ai réduit le budget temporairement, je n’ai pas le choix avec le montant de la CAF, mais ma famille m'aide souvent en ce moment. Pour notre petit dernier, entre Guillaume et moi, il n'y a pas de différence, c’est celui qui peut qui achète. Nous achetons beaucoup de vêtements d'occasion sur toutes les plateformes.

Je ne vois pas trop ce que je peux faire de plus comme économies. Nous n'achetons rien de superflu, en privilégiant les promotions, les marques distributeurs et les produits abîmés, vendus moins chers dans les supermarchés. Si c'est du frais par exemple, nous le congelons. En fait, je n'arrive pas à faire plus d'économies. Pour les dépenses imprévues, comme les vacances à 9 par exemple, Guillaume a payé la location d'une semaine à Bordeaux. C'est ma grand-mère qui m'a donné de l'argent pour payer les activités sur place».

Epargne floue et entre parenthèses. «Guillaume met de côté chaque mois mais ne veut pas me dire le montant. Quand je travaillais, je gagnais environ 1 300 euros par mois en tant que caissière et je mettais de côté 50 euros par mois sur une épargne salariale. Il y a deux ans, je l'ai vidée pour financer des travaux de la maison, elle comptait 6 000 euros. Aujourd'hui, je dois être à environ 3 000 euros grâce aux dernières primes mais je ne peux pas y toucher pendant 5 ans».

Travaux et Airbnb. «Il nous reste pas mal de travaux à faire dans la maison mais pour l'instant on ne peut pas vraiment. Guillaume fait petit à petit s'il peut acheter des matériaux. Nous avons pour projet de créer 3 chambres au grenier et un Airbnb dans les deux garages du bas pour avoir un petit quelque chose en plus».

3 - Les conseils de la coach financière

«Guillaume et Mégane font face au défi des familles recomposées : comment répartir les apports de chacun de façon équitable ? Partis sur un principe d’égalité (on assume chacun la moitié des dépenses), ils se sont adaptés à la baisse de revenus de Mégane pour arriver à une répartition de fait : elle contribue à hauteur de la totalité de ses revenus et "il met le reste". Égalité ou équité, c'est un sujet souvent sensible pour les familles recomposées, car il est plus difficile de définir le périmètre "commun" de dépenses. Par exemple, les vêtements sont achetés par chacun des parents pour ses enfants et en commun pour William, mais la nourriture pour tous fait partie du budget commun. Ce souci de justice ou de justesse dans la répartition se voit aussi dans leur décision de choisir leur contrat de mariage (séparation de biens) et dans leurs conversations sur la répartition de leurs biens dans l’éventualité d’une séparation.

Le budget est serré et je salue la gestion, qui semble reposer davantage sur les épaules de Mégane : un cahier de brouillon et un vrai soin porté à nourrir les besoins de tous avec les ressources disponibles. Les deux grandes forces mobilisées pour cette gestion : le mode solution, qui demande de la créativité et de l’énergie (recherche des promotions, articles de seconde main) et le soutien des leurs, les aides de la famille, pour les vêtements, les vacances ou pour les imprévus et gros achats. Le petit plus : le projet ! Avec les travaux dans leur maison, ce couple est mobilisé autour de la création d’un revenu supplémentaire.

Mes pistes d’amélioration pour Mégane et Guillaume, sont ici aussi plus générales que adressées à leur cas particulier :

• 1er conseil → Choisir l'équité et pas forcément l'égalité

Mégane pourrait contribuer de façon équitable et conserver même une "petite" partie de ses revenus, notamment pour épargner, si le couple définissait plus précisément le budget commun et la répartition des dépenses au prorata de leurs revenus. Envisager l’équité, c’est :

- permettre que chacun contribue à hauteur de ses capacités et que chacun conserve une latitude de mouvement personnelle (ici, Guillaume est dans la capacité d’épargner et semble attaché à cette liberté)

- prendre en considération toutes les contributions de chacun, et pas uniquement les contributions en argent : en temps, en "charge mentale", en soin des enfants, des courses ou des repas, en travaux.

- prendre soin de l’équilibre de la relation et éviter le "sacrifice" de l’un des deux.

>> Profitez du meilleur de Capital en vous inscrivant à la nouvelle newsletter de Capital : Classe éco, Classe affaires

• 2e conseil → Faire un pas de plus dans la clarification patrimoniale

Il semblerait que Mégane ne se constitue pas de patrimoine (alors que la maison sur le papier leur appartient à tous les deux), ni d’épargne, et qu’elle a déjà utilisé son épargne pour des travaux : est-ce que, par exemple, cet investissement pourrait être reconnu dans les apports et lui être reversé en cas de vente ? S’entendre sur l’équité, autant dans le quotidien, que dans le patrimoine, les apports et la juste répartition en cas de séparation, c’est souvent un ciment de confiance dans la relation !»