Des milliers d’enseignants défilaient dans les rues début décembre dernier, en cause, selon le syndicat FSU-SNUipp, «des conditions de travail dégradées, un salaire en berne et un pouvoir d’achat qui ne fait que baisser». Un manque de moyens qui ressort d’une nouvelle étude publiée par l’entreprise spécialisée dans les ressources pédagogiques Tralalere, citée par 20 Minutes. Partant du constat que les enseignants disaient acheter des ressources «sur leurs deniers personnels», elle a tenté de quantifier le phénomène.

Et le constat est sans appel selon ses premiers résultats, puisque plus de neuf sur dix (92,2%), en école maternelle et élémentaire, assurent dépenser de l’argent de leur poche afin que les élèves aient accès à «des ressources pédagogiques numériques» et que «la classe dispose de fournitures complémentaires». Selon l’étude, ces enseignants dépenseraient en moyenne aux alentours de 300 euros par an (297 euros pour être précis) même si certains dépensent évidemment plus que d’autres : les sommes vont généralement de 200 euros à 500 euros. Toutefois, la somme la plus importante constatée est de 2 000 euros.

Des dépenses oui, mais exemptées de TVA ?

Sur les 1 787 enseignants interrogés, seuls 25 (1,4%) déclarent disposer de ressources suffisantes dans le budget qui leur est alloué au début de l’année. «J’en viens à faire mon budget personnel en prenant en compte ce que je vais devoir dépenser pour mes petits», explique une enseignante de CP interrogée par 20 Minutes.

Une de ses collègues toulousaines, enseignant une classe de CM1, assure avoir dépensé environ «600 euros sans s’en rendre compte», il y a trois ans. Elle évoque des «sifflets pour le sport, des clochettes, des feuilles, de la peinture, des jeux pédagogiques…» Pourquoi un tel manque de moyens ? «On dépend des municipalités qui n’ont pas forcément un budget suffisant pour une classe», souligne auprès de nos confrères, un professeur des écoles, représentant syndical à l’Unsa Éducation dans la région de Béziers.

Il estime que si les enseignants ne mettent plus d’argent dans l’école, «ce sera la fin de l’école publique». Si certains sont prêts à continuer à faire des dépenses de leur poche, près de neuf sur dix souhaiteraient qu’elles soient «à minima exemptées de TVA et reconnues comme des dons donnant droit à un crédit d’impôt», précise l’étude de Tralalere. Une maigre solution, mais déjà une solution.