
Deux billets pour Coldplay… au prix de deux carrières ? Si vous êtes présent sur les réseaux sociaux, ces images vous les avez forcément vues tourner. Lesquelles ? Celles d’Andy Byron, le PDG d’Astronomer pris en flagrant délit d’adultère avec l’une de ses collègues, Kristin Cabot, directrice des ressources humaines de l’entreprise, lors d’un concert de Coldplay le 16 juillet. Depuis, cette tromperie est devenue virale, tournant parfois au lynchage sur les réseaux sociaux.
Un temps suspendu, et face à l'ampleur du phénomène, Andy Byron a depuis démissionné. Dans un communiqué, Astronomer a justifié cette décision : «Nos dirigeants sont tenus de fixer les normes les plus élevées en matière de comportement et de responsabilité. Récemment, ces normes n’ont pas été respectées.» Andy Byron a donc présenté sa démission, que «le conseil d’administration a acceptée». Ce n’est pas la première fois qu’une telle polémique éclate outre-Atlantique. En 2019, le groupe McDonald’s annonçait avoir licencié son directeur général, Steve Easterbrook, pour avoir entretenu une liaison avec un membre du personnel. Ces mises à l’écart posent question : en droit français, une relation amoureuse entre collègues peut-elle entraîner un licenciement, lorsqu’elle implique une situation d’adultère ? Capital fait le point.
As stated previously, Astronomer is committed to the values and culture that have guided us since our founding. Our leaders are expected to set the standard in both conduct and accountability, and recently, that standard was not met.
— Astronomer (@astronomerio) July 19, 2025
Andy Byron has tendered his resignation, and… pic.twitter.com/aTTUhnnyVz
Que dit le droit du travail français sur les relations amoureuses au travail ?
Comme le rappelle Me Elodie Cohen-Morvan, avocate spécialisée en droit du travail, le droit du travail n’interdit pas explicitement la vie amoureuse dans un cadre professionnel. L’article L1121-1 du Code du travail prévoit même que «nul ne peut apporter aux droits des personnes et aux libertés individuelles et collectives de restrictions qui ne seraient pas justifiées par la nature de la tâche à accomplir ni proportionnées au but recherché». Un principe qui dépasse le droit du travail puisque l’article 9 du Code civil dispose que «chacun a droit au respect de sa vie privée». Selon ces fondements juridiques, comprenez alors que la vie amoureuse relève de la vie privée, et ça ne regarde que les principaux concernés. «La relation peut être adultérine ou pas, cela ne regarde pas du tout l’employeur et cela n’est pas un élément distinguant les situations», précise Anne Leleu-Été, avocate en droit du travail. «En principe, il n’y a pas de mesures disciplinaires possibles pour une relation amoureuse au travail, mais il y a des exceptions», soulève Me Cohen-Morvan.
Certaines relations amoureuses entre collègues peuvent mener à des licenciements si celles-ci causent un trouble au sein de l’entreprise, si elles constituent un manquement au contrat de travail ou si elles portent atteinte à la réputation de l'entreprise. «C’est du cas par cas, les juges se pencheront sur chaque situation», souligne Me Cohen-Morvan. Par exemple, le 29 mai 2024, la Chambre sociale de la Cour de cassation a rendu un arrêt qui a fait grand bruit dans le milieu. Un salarié qui occupait des fonctions de direction, notamment en matière de gestion des ressources humaines, a caché sa relation amoureuse avec une salariée investie de mandats syndicaux et de représentation du personnel, le tout dans un contexte social tendu, marqué par des grèves et un plan de réduction d’effectifs. En son rôle de juge du droit, la Cour a alors estimé que «le salarié avait ainsi manqué à son obligation de loyauté à laquelle il était tenu envers son employeur et que ce manquement rendait impossible son maintien dans l'entreprise, peu important qu'un préjudice pour l'employeur ou pour l'entreprise soit ou non établi».
Dans une tout autre circonstance, la Cour de cassation vient rappeler dans une décision du 4 juin 2025 que le salarié a le droit au respect de l'intimité de sa vie privée, dès lors «l'employeur ne peut, sans violation de cette liberté fondamentale, fonder un licenciement sur un fait relevant de l'intimité de la vie privée du salarié». Dans cette affaire, une responsable du personnel avait été licenciée pour faute grave par la directrice générale, moins d’un an après son embauche. En cause ? Plusieurs manquements dans l'exécution du contrat. La raison officieuse ? La liaison que la responsable du personnel entretenait avec le mari de la directrice générale. Son licenciement a donc été annulé. S’agissant de l’intimité de la vie privée, la sanction est sévère pour l’employeur car elle entraîne la nullité du licenciement, ouvrant droit à une indemnité équivalente à six mois de salaire et échappant au barème Macron.



















