«De plus en plus de gens travaillent dans des entreprises sans être salariés. Le développement de l'auto-entrepreuneuriat abîme le collectif». Ces propos ont été tenus par l'ancienne ministre du Travail, Muriel Pénicaud, le 10 avril sur France Inter. Et près de trois semaines plus tard, Frenchweb.fr ne les a toujours pas digérés. Le 28 avril, le site Internet – qui regroupe une large communauté de 135 000 professionnels, entrepreneurs et autres experts du numérique – a en effet publié un texte intitulé «Non, l’auto-entrepreneuriat n’abîme pas le collectif, mais il révèle la faillite du salariat».

Fin décembre 2023, le réseau des Urssaf dénombrait 2,674 millions d’auto-entrepreneurs administrativement actifs, soit une progression de 199 000 sur un an. Ces chiffres témoignent d'un essor certain de ce statut en France, que l'ancienne ministre du Travail semble donc voir comme un rouage dans la machine du salariat «classique» et du rapport patron-employé. Mais là où Muriel Pénicaud identifie un problème, Frenchweb voit «le symptôme d'un système salarial en difficulté».

Le statut a été créé pour réduire le chômage de masse

«Le développement de l’auto-entrepreneuriat n’est pas le fruit d’une mode individualiste ; il est la conséquence directe d’un marché qui privilégie l’agilité à la permanence.» argumente le texte, dont les auteurs affirment : «De nombreux travailleurs indépendants ne rejettent pas le collectif. Ils en créent de nouveaux». Collectifs de freelances, réseaux d’entraide sectoriels, collaborations ponctuelles : «L’auto-entrepreneur moderne n’est pas un électron libre ; il est un acteur d’un collectif réinventé.» poursuit Frenchweb.

Comme le rappelle le texte, le statut d'auto-entrepreneur, créé en 2009 puis remodelé par les exécutifs qui se sont succédé depuis, ambitionnait de réduire le chômage de masse. Ce profil de travailleur «est devenu une variable d’ajustement économique, encouragé pour sa capacité à générer de l’activité sans alourdir la charge sociale.» S'attaquer au statut revient donc à prendre le problème à l'envers et à occulter la réalité d'un modèle salarial qui ne répond plus aux nouvelles aspirations : autonomie, souplesse et surtout, sens. Et de conclure : «Face aux mutations économiques, technologiques et sociales, il serait vain de condamner ceux qui s’adaptent. Le véritable enjeu est de reconstruire un collectif à la hauteur de ces nouvelles réalités.»

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