
Nébuleuse est la fiche de paie ? C’est ce qui ressort d’une étude publiée par le Club Landoy en septembre dernier. Selon cette dernière, environ 9 salariés sur 10 (86%) déclarent comprendre seulement quelques lignes (66%) ou alors aucune (20%) de leur fiche de paie. Un constat partagé par des participants à l’événement «T’as vu ton net», organisé le jeudi 20 novembre par le Club Landoy à la Communale de Saint-Ouen : «Oui, dans les grandes lignes mais, en détail, ça reste très flou», répond Tina, chargée de ressources humaines. Même son de cloche chez Hamza, qui travaille en qualité informatique chez un grand assureur. Pour lui, la CSG ou encore la CRDS sont un mystère : «Cela ne me dit rien du tout», soupire-t-il.
Cette apparente complexité de la fiche de paie a une explication : «C’est le reflet de notre modèle social et de son financement», explique Maxime Sbaihi, économiste et directeur stratégique du Club Landoy. Alors, pour rendre le tout plus clair, et de manière ludique, a été créée pour l’occasion … une tour Lego nommée «La Tour de Paye». Cette dernière commence par le haut avec le coût total pour l’employeur, autrement appelé le salaire super-brut. Soit le salaire avant toutes contributions et cotisations sociales patronales et salariales. Dit autrement, le coût total de la rémunération versée au salarié pour l’employeur. Petit point de compréhension avant d’entrer dans le vif du sujet : les cotisations sociales sont des prélèvements qui ouvrent des droits, à l’inverse des contributions qui sont de simples impôts.
Le salaire net presque deux fois moins élevé que le super-brut
Globalement, c’est la différence entre le super-brut et le salaire net : «On touche environ la moitié de ce que nous coûtons à l’employeur en tant que salarié», indique l’économiste. Exemple avec la Tour de Paye dont le salaire super-brut a été fixé à 136 euros. Après soustraction des cotisations et contributions patronales, le salaire brut est de 100 euros. Ce nombre résulte du calcul suivant :
- -8 euros pour les cotisations maladie (soins de santé, indemnités journalières pour arrêt maladie, congé maternité),
- -17 euros pour les cotisations vieillesse (la retraite de base et la retraite complémentaire),
- -4 euros pour les cotisations chômage,
- -2 euros pour les cotisations ATMP (Accidents du travail et maladies professionnelles),
- -3 euros pour les cotisations familiales (prestations versées par la Caisse d’allocations familiales),
- -2 euros pour les différentes contributions patronales comme la contribution au dialogue social, la taxe d’apprentissage, etc.
Pour arriver au salaire net avant impôt, on y soustrait ces montants, à la charge du salarié :
- -1 euro pour la complémentaire santé,
- - 11 euros pour les cotisations vieillesse,
- - 9 euros pour la CSG (contribution sociale généralisée), un impôt qui finance le modèle social (dette sociale, assurance maladie, assurance chômage, etc.),
- - 0,5 euro pour la CRDS (contribution au remboursement de la dette sociale), impôt qui contribue à rembourser les déficits de la Sécurité sociale.
Tout cela donne un salaire net avant impôt de 79 euros. Pour obtenir le salaire après impôt, il faut logiquement soustraire le montant payé au fisc, qui dépend de votre tranche marginale d’imposition (TMI) et de votre taux d’imposition moyen. Dans la Tour de Paye, ce taux moyen est fixé à 7,5%. On obtient ainsi environ 73 euros de salaire net après impôt.
Ainsi, alors que, dans l’exemple de la Tour de Paye, vous coûtez 136 euros à votre employeur, vous ne touchez que 73 euros. Soit 53,7% du salaire super-brut.

















