Le post LinkedIn n'a pas mis longtemps à provoquer de vives réactions. Publiée le 17 novembre sur le réseau social, l'offre de Forgis, une start-up suisse spécialisée dans l’intelligence industrielle, a suscité la polémique, rapporte Le Parisien. En cause, le temps de travail exigé par l'entreprise pouvant aller de «80 à 100 heures par semaine», peut-on lire dans l'annonce pour le poste de responsable du développement à Schlieren, une ville située entre Bâle et Lucerne. Le groupe a récemment développé un logiciel utilisant l'intelligence artificielle pour analyser et améliorer les processus de production.

En échange de ce temps de travail titanesque, l'entreprise helvète propose un salaire de 70 000 francs suisses, équivalent à 75 000 euros, ainsi qu'1% des actions de l'entreprise. Une somme attractive pour un travailleur français, mais de l'autre côté de la frontière, il faut rappeler que le revenu moyen est compris entre 78 000 et 80 000 francs, soit plutôt aux alentours de 85 000 euros. Des salaires alignés sur le niveau de vie très élevé en Suisse.

Pas d'équilibre entre vie personnelle et professionnelle

Si le salaire, bien qu'en dessous de la moyenne suisse, reste correct, c'est bien évidemment le temps de travail qui a fait réagir les internautes. «Si quelqu’un ne veut pas de ça, nous ne forçons personne à postuler» s'est défendu Federico Martelli, le PDG de l’entreprise dans Blick. Il ajoute que la start-up cherche actuellement des «fondateurs» et non des «collaborateurs», prêts à totalement s'investir dans leur mission au travail. «C’est la vie dans une start-up, style Silicon Valley.» justifie-t-il également. L'annonce précise par ailleurs que l'entreprise ne «croit pas à l'équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle».

En Suisse, la loi fixe le temps hebdomadaire légal de travail à 45 heures. Toute heure supplémentaire travaillée est «en général» indemnisée «par un supplément de salaire de 25 %» dit la loi. En France, le temps de travail de base est calqué sur le modèle des 35 heures. Interrogé par Le Parisien, Roger Rudolph, professeur de droit du travail à l’université de Zurich, alerte donc sur les risques légaux de ce type de poste. Pour lui, il est évident qu'un temps de travail allant jusqu'à «100 heures constitue une violation flagrante» du droit suisse.