Elle est la principale artisane de la réforme. Elle l’a défendue bec et ongles jusqu’à utiliser l’article 49.3 pour faire passer son projet. Toutefois, le 7 octobre, dans une interview accordée au Parisien, Elisabeth Borne faisait un petit pas en arrière sur la réforme des retraites en se déclarant favorable à une «suspension». «Dans le contexte actuel, pour avancer, il faut savoir écouter et bouger», lançait l’ancienne Première ministre, évoquant certaines «pistes d’amélioration portées par les organisations syndicales, notamment sur la pénibilité et la situation des femmes». Une manière de faire un pas vers l’opposition et d'éviter un blocage du pays ?

Critiquée de toutes parts depuis cette annonce, même dans son propre camp, Elisabeth Borne s’exprimait pour la première fois sur RMC et BFMTV. Visiblement échaudée par les critiques, la ministre démissionnaire de l’Education nationale a rappelé qu’il s’agissait de «suspendre la réforme», et face aux nombreux commentaires, elle répond : «Je n’ai pas dit qu’il fallait bazarder la réforme des retraites, j’ai dit qu’il fallait examiner les modalités et conséquences concrètes d’une suspension de la réforme.»

Un contexte politique défavorable

Mais comment expliquer un tel revirement, malgré les demandes réitérées de l’opposition et des syndicats ces derniers mois ? Dans un premier temps, la Première ministre a tenu à rappeler le contexte politique des derniers mois, en particulier depuis la rentrée, avec un gouvernement expédiant les affaires courantes, un autre qui vole en éclats en moins de 24 heures, un Premier ministre (Sébastien Lecornu) qui démissionne, ainsi que des propositions de dissolution de l’Assemblée ou de démission du président de la République.

«Quand il reste quelques jours pour avoir une chance que la France ait un budget début 2026, chacun doit mettre son énergie pour trouver une voie de passage», a-t-elle répondu de manière cinglante sur RMC, et d’ajouter que cela «suppose de trouver des compromis avec la gauche». Cependant, Elisabeth Borne l’assure : la réforme des retraites sera «un débat de l'élection présidentielle.» Cela signifie-t-il qu’il n’y aura pas de grand débat sur le sujet avant 2027 ?

Un gel de l’âge de départ jusqu’en 2027 ?

Enfin, l’ancienne Première ministre a martelé la nécessité d’être «précis» quand on parle de la suspension de la réforme des retraites. Elle a donc évoqué la proposition de la CFDT, «qui a fait preuve de beaucoup de responsabilité», de geler le décalage de l’âge de départ et donc «de ne pas tout remettre en cause». Ce gel serait ainsi effectif jusqu’en 2027. Rappelant que «toute réforme des retraites est un sujet épidermique», il est primordial d’«assurer la pérennité de notre système de retraites», a poursuivi la ministre démissionnaire. Et s’il s’agit de «la seule voie pour sortir de la crise actuelle (…) ça vaut la peine de poser cette question», d’après elle.