Le conclave sur les retraites et l’accord de non-censure entre le gouvernement et le Parti socialiste sont-ils en danger ? Les cartes ont été rebattues ce week-end quand François Bayrou a déclaré sur France Inter et Franceinfo qu’il n’envisageait pas un retour à l’âge de départ à la retraite à 62 ans. Le Premier ministre a bien assuré qu’il était «déterminé à défendre l'idée que nous avons besoin des corps intermédiaires», mais dans le contexte actuel, il semble impossible de revenir à l’âge de 62 ans, a-t-il martelé.

Dans la foulée, son ministre de l’Economie, Eric Lombard, l’a soutenu à demi-mot, jugeant que «c'est aux partenaires sociaux de décider». Pourtant, la «voie de réforme nouvelle» promise par le Premier ministre avant le conclave, «sans aucun totem ni tabou», semble battre de l’aile, explique Franceinfo. Les syndicats ont immédiatement réagi dimanche, la CGT parlant de décision «scandaleuse», estimant qu’on ne pouvait «pas faire confiance à François Bayrou». Le négociateur de la CGT sur les retraites a fustigé la «porte fermée» de François Bayrou et «une trahison de la parole donnée aux organisations syndicales».

Le «risque de torpiller» les discussions sur les retraites

Vocabulaire différent, mais rhétorique similaire du côté de la CFDT qui a jugé les propos du Premier ministre «incompréhensibles». «C'est le même Premier ministre qui a décidé d'un conclave où tous les sujets seraient ouverts, y compris l'âge de départ à la retraite», a regretté Yvan Ricordeau, le négociateur de la centrale syndicale. Selon lui, François Bayrou ne cesse de «se contredire» et «risque de torpiller» les discussions. Plus modérée, la CFE-CGC assure qu’il est «tout à fait possible de revenir à 62 ans».

Mais la grogne s’est étendue à la classe politique. La France insoumise a parlé de «mascarade» par l’intermédiaire de Manuel Bompard, quand la cheffe de file des députés du parti, Mathilde Panot, a qualifié cette sortie de «scandale». Plus véhément, Jean-Luc Mélenchon a évoqué un «foutage de gueule» et lancé : «Le conclave est fini.» Au passage, Mathilde Panot n’a pas hésité à railler la «naïveté» du PS. Enfin, pour Eric Coquerel, le conclave a été annoncé «pour éviter la motion de censure».

Un «motif de censure» pour le RN ?

Les Socialistes, justement, se sont aussi agacés de ces déclarations : «Ce n'est pas au Premier ministre de fixer ce nouveau cadrage : le conclave est lancé», a réagi auprès de Franceinfo le porte-parole de son groupe, Arthur Delaporte. Et d’ajouter : «Il est en roue libre totale. Il ne fait que discréditer encore plus sa propre parole.» Le député Jérôme Guedj a, lui, parlé de «faute» et de «mépris pour les partenaires sociaux». Enfin, sur BFMTV, le député du Rassemblement national, Sébastien Chenu a évoqué «un motif important» de censure.