
Dans le cadre de l'élaboration du budget 2026 de l'Etat, le gouvernement n'exclut pas de supprimer l'abattement fiscal de 10% dont bénéficient les retraités. Tout est sur la table et «rien n'est tabou» selon les mots du ministre de l'Economie, Eric Lombard. Mais cette mesure est très loin de faire l'unanimité dans le paysage politique et provoque particulièrement la colère dans les rangs parlementaires de la France Insoumise, de la droite et du RN. Le Premier ministre François Bayrou, lui, a confirmé dimanche son souhait de repasser sous la barre des 3% de déficit d'ici à 4 ans, mais sans taxer les retraités.
Le budget 2026 doit être discuté à l'automne. Le chef du gouvernement a annoncé que les principales orientations seront connues avant l'été, aux alentours du 14 juillet. En attendant, le débat relancé sur l'abattement fiscal des retraités remet aussi sur la table celui, sempiternel, sur leur niveau de vie. Certaines voix, y compris au sein du gouvernement, mettent en avant que les retraités ont globalement une meilleure situation financière que les actifs. Est-ce vrai ?
Les retraités sont nombreux à être propriétaires, oui mais...
Pour François Lenglet, rien n'est moins sûr. Dans son analyse publiée le 5 mai, le spécialiste économie de TF1 base son argumentation sur les données de 2024 du Conseil d'orientation des retraités, selon lesquelles le revenu mensuel moyen d'un ménage de senior est d'environ 2 700 euros et celui d'une famille qui travaille à 3 630 euros. «Cela représente 34 % d'écart», commente François Lenglet. Or, dit-il, les partisans de l'impôt sur les seniors «récusent ces données» à cause de deux éléments.
«D'une part, les retraités sont nombreux à être propriétaires, ce qui les dispense de loyers à payer» poursuit le journaliste. «D'autre part, leur foyer, évidemment sans enfants, coûte moins cher». Ces éléments en attestent : le niveau de vie des personnes percevant une retraite est en effet supérieur de 1,8 %. «Mais ce calcul est discutable», juge François Lenglet, pour qui «il est absurde de pénaliser les seniors parce qu'ils ont fait l'effort d'acquérir leur maison».
La «vraie inégalité» tient à l'héritage, selon François Lenglet
En outre, l'évolution des pensions a été en moyenne de 0,17 % par an entre 2014 et 2020, «à cause de la désindexation et de la hausse de la CSG spéciale retraités». Mais pour François Lenglet, il y a une «vraie inégalité». Et elle concerne l’héritage. Avec l’allongement de la vie, ce dernier «passe désormais des très âgés aux retraités, alors qu’il servait naguère aux jeunes couples pour s’établir dans la vie». Faut-il alors taxer davantage les successions ? «Le débat a peu de chances d’être tranché, prédit le journaliste, car les retraités votent davantage que les autres. Autant dire qu'ils sont ménagés».
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