
Alors que la technologie d'affichage OLED semblait avoir pris une avance décisive sur le segment premium, une nouvelle guerre technologique se profile. Avec son monstre de 115 pouces de diagonale (292 cm), le MR115F, présenté au salon IFA, Samsung ne se contente pas de lancer un produit de luxe (30 000€ tout de même…). Le constructeur coréen tire sa première salve dans ce qui s'annonce comme l'affrontement de demain : celui du rétro-éclairage RGB. Et il est loin d'être seul. Hisense, Sony ou encore TCL s'engouffrent également dans cette brèche, avec la ferme intention de pousser la technologie LCD dans ses derniers retranchements pour offrir une alternative crédible, plus lumineuse et aux couleurs plus riches que l'OLED.
Samsung MR115F, la vitrine d'une ambition
Appelez-le Micro RGB, et non MicroLED. Samsung a clarifié l’appellation pour éviter toute confusion. Contrairement à la technologie auto-émissive (où chaque pixel peut s'éteindre et s'allumer au besoin) de son fameux “The Wall”, le nouveau MR115F reste bien un téléviseur LCD "classique". Son innovation se cache dans son système de rétro-éclairage. Fini les LED blanches classiques, place à des triplets de diodes microscopiques (moins de 100 micromètres) rouges, vertes et bleues. L'avantage ? Un contrôle plus fin de la colorimétrie et du contraste.
Piloté par un nouveau processeur IA deux fois plus puissant, cet écran 4K 144 Hz promet une couverture à 100 % de l'espace couleur Rec.2020, validée par l'organisme VDE. Autrement dit, ce TV devrait délivrer le plus grand nombre de nuances de couleurs sur le marché. Le tout est servi dans un châssis de 3,5 cm d'épaisseur, avec une dalle dotée du traitement antireflet Glare Free 2.0 du constructeur. Un produit de niche à prix très élevé, certes, mais qui pose les bases pour de futurs modèles sans doute moins chers.
Une concurrence déjà sur les rangs
Si Samsung frappe fort, il n'arrive pas en territoire conquis. Hisense a même pris une longueur d'avance en commercialisant déjà deux modèles RGB Mini-LED, les 116UX et 100UX. Le constructeur chinois promet des pics de luminosité allant jusqu'à 8 000 nits et une couverture de 95 % du Rec.2020. De son côté, Sony prépare sa riposte avec le très attendu Bravia 10, prévu pour 2026.

Ce modèle embarquera lui aussi la technologie RGB Mini-LED. TCL n'est pas en reste et a déjà présenté son propre prototype au salon CES de Las Vegas en janvier, confirmant que sa future série phare "X" adoptera cette technologie. La tendance est donc claire : les géants de l'électronique voient dans l'éclairage RGB l'avenir à court terme du LCD haut de gamme.
Le baroud d'honneur du LCD ?
Pourquoi un tel engouement pour une technologie de rétroéclairage, alors que les écrans auto-émissifs comme l'OLED et le “vrai” MicroLED existent ? La réponse est à la fois stratégique et économique. Le MicroLED reste pour l'instant hors de prix pour le grand public. L'OLED, bien qu'excellent à tous les niveaux, atteint ses limites en termes de pic lumineux par rapport aux LCD. La technologie Micro RGB ou Mini-LED RGB apparaît alors comme un compromis intéressant.
Elle permet de conserver les atouts du LCD (forte luminosité, durabilité) tout en proposant des couleurs plus riches, ainsi qu’un niveau de contraste supérieur et moins d’effet de halo que les Mini-LED. Ces fuites de lumière autour des éléments clairs affichés sur les écrans LCD modernes, aussi appelées “blooming”, font partie des plus gros handicaps de cette technologie par rapport à l’OLED, limitant leur contraste global. Grâce à sa capacité d’éteindre indépendamment chaque pixel pour afficher un noir pur, le concurrent à base de diodes organiques propose en effet des taux de contraste infinis. Ainsi, la technologie Micro RGB ou Mini-LED RGB sera peut-être le baroud d'honneur du LCD, son évolution ultime avant une transition généralisée vers des technologies d'affichage véritablement nouvelles et (peut-être) plus accessibles.
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