Quelques jours avant un vote décisif pour l’année 2026, celui du budget, l’ex-Première ministre, désormais députée, Élisabeth Borne se positionne sur une éventuelle utilisation du 49.3 pour faire son adoption. Dans un entretien accordé au Parisien, elle explique que, selon elle, le gouvernement ne devrait pas s’interdire de faire usage de ce texte, une affirmation délicate qui intervient juste après le vote du budget de la Sécurité sociale. Un budget que l’élue dit avoir soutenu malgré beaucoup de réserves, afin de préserver «la stabilité».

Pour l’ancienne ministre, ce budget 2026, qui serait sur le point d’être voté, lui laisse un goût amer, notamment parce que le déficit attendu pour 2026 s’éloigne toujours un peu plus de l’objectif initial des 17 milliards d'euros du gouvernement, en atteignant les 24 milliards. Selon la députée, «nous ne sommes pas sur la bonne trajectoire», et tous les efforts évités dans le PLFSS devront être compris dans le budget de l’État. Des efforts évités qui touchent notamment l’indexation des pensions les plus élevées.

Éviter une loi spéciale

Alors qu’Élisabeth Borne insiste sur l’importance de ramener le déficit public sous les 5 % du PIB, elle refuse absolument le sacrifice du budget dans des secteurs clés comme l’armée, la justice, la sécurité, ou encore dans la recherche, l’innovation, l’éducation ou la transition écologique. Mais cette position est difficile à tenir dans un camp fragmenté.

L’éventualité d’une loi spéciale inquiète par ailleurs beaucoup l’ancienne ministre. «L’expérience de l’an passé ne doit pas banaliser le recours à une loi spéciale qui ne permet pas d’engager de nouvelles dépenses», explique-t-elle. Pour elle, cette éventualité est néfaste pour l’économie et l’emploi, et d’autres solutions existent, notamment le vote sur une commission mixte paritaire, le vote bloqué ou l’engagement de responsabilité de l’exécutif. Finalement, alors que Sébastien Lecornu avait promis de ne pas utiliser le 49.3, Élisabeth Borne appelle à sortir des «caricatures», et défend cet article, comme étant une option qui permet aux oppositions de ne pas voter un projet tout en laissant la France se doter d’un budget.