Sur le traité UE-Mercosur, le gouvernement français se place sur une ligne ferme. Le ministre Roland Lescure, dans un entretien accordé aux Échos, le dit clairement : en l’état, «ce traité n’est pas acceptable». Raison pour laquelle la France demande de repousser toute décision sur cet accord de libre-échange, alors que la Commission européenne se préparait à une autorisation de signature dès décembre.

Pour le ministre de l’Économie, l’accord ne présente pour le moment pas de garanties suffisantes pour le pays. Selon lui, si l’UE est ouverte au libre-échange, on assiste en ce moment à «un effet boomerang» sur ces questions. Il faut donc que ces accords soient équilibrés pour chaque parti, et que ces partis respectent les règles. Ce qui, pour le ministre, n’est pas le cas aujourd’hui. «L’Europe reste ouverte mais elle doit aussi savoir se protéger des pratiques déloyales quand c’est nécessaire». L’objectif premier pour la France serait donc d’avancer «avec des alliés sur des partenariats gagnant-gagnant».

Trois conditions posées par le gouvernement français

Avant d’arriver à une signature, la France a posé trois exigences claires pour y parvenir. Le gouvernement demande d’abord «des clauses de sauvegarde solides et opérationnelles», un point sur lequel le Parlement européen devrait se prononcer mardi 16 décembre. Il demande aussi des «mesures miroirs», pour imposer aux produits importés les mêmes normes que celles appliquées aux productions européennes, afin de rendre équitable cette concurrence. Roland Lescure demande enfin des contrôles renforcés sur les importations. Trois exigences qui, pour l’heure, ne sont donc pas remplies.

Pour lui, l’UE doit apprendre à répondre aux pratiques commerciales déloyales, et se concentrer sur le fait d’avancer avec des partenaires qui partagent des intérêts communs. Et la stratégie récente démontrée par les États-Unis, notamment sur les droits de douane, démontre pour le ministre que l’Europe doit de toute urgence renforcer son autonomie stratégique.