En Charente, les discussions autour du vote du budget primitif pour 2025 ont tourné au vinaigre. Déjà retoqué à deux reprises, les élus du Conseil départemental de la Charente ne sont pas parvenus à trouver un terrain d’entente concernant le budget 2025. Malgré tous les efforts déployés par son président Philippe Bouty (divers gauche) qui avait indiqué mettre tous «[s]es efforts dans la réconciliation», le budget a été rejeté pour la troisième fois consécutive. Déjà mis en minorité le 28 mars dernier puis défié lors du second vote avec 24 élus absents le 15 avril, Philippe Bouty a essuyé un véritable camouflet avec 18 voix contre, 15 pour et 5 abstentions.

S’il a d’abord fait les frais d’un véritable réquisitoire à son encontre de la part du leader de l’opposition, Jérôme Sourisseau, Philippe Bouty a également dû faire face au désaveu de son ancienne alliée à gauche, Nicole Bonnefoy, sénatrice et conseillère départementale (PS). «On est arrivé à un point où il fallait que quelque chose se passe. […] C’est difficile, c’est compliqué. En plus, c’est sa propre famille. Donc voilà… Tout ça, ce n’est pas simple», a-t-elle expliqué émue lors de sa prise de parole. Sans budget en temps et en heure, le Conseil départemental de Charente voit à présent ses finances mises sous tutelle. Une situation inédite dans la région Nouvelle-Aquitaine. Désormais, ce sont le préfet de la Charente et la Chambre régionale des comptes qui ont la charge d’administrer les finances départementales, rapporte franceinfo.

Appel à la démission

Élu il y a trois ans à la tête du Conseil départemental, Philippe Bouty est aujourd’hui confronté à une crise politique majeure. Mis en échec par une partie de ses anciens alliés politiques avec qui il formait une majorité, six d’entre ont décidé de créer un groupe dissident. Tous lui reprochent en effet une mauvaise conduite dans les affaires départementales de ce territoire de quelque 350 000 habitants.

Si Nicole Bonnefoy a assuré ne pas avoir fait les choses «de gaieté de coeur», Jérôme Sourisseau - qui est aussi l’ancien président du Conseil départemental -, est encore plus dur à l’encontre de son successeur. «Le président Bouty n'a plus de majorité, il doit démissionner. Il n'y a pas d'autres solutions. Ça se passe comme ça dans toutes les démocraties, dans toutes les instances», a-t-il déclaré. Et d’ajouter : «Qu’un nouvel exécutif, une nouvelle majorité, quelle qu’elle soit, je dis bien quelle qu’elle soit, se construise.» Une demande à laquelle ne souhaite pas accéder Philippe Bouty qui a exclu toute démission de sa part. «La confiance au sein de cette assemblée, je me charge de la recréer. Il y a eu une crise politique au sein du groupe des élus de gauche, mais il n’y a pas de fracture», a-t-il expliqué. Alors qu’il doit à présent rencontrer dans les prochains jours le préfet de la Charente pour que le budget 2024 soit appliqué en 2025, Philippe Bouty l’assure : «Je suis garant de cette institution, je resterai garant de cette institution et je limiterai les risques pour les Charentaises et les Charentais. C’est notre boussole.»