
C’est une phrase loin d’être passée inaperçue. Interrogé sur TF1 le 13 mai dans l’émission Emmanuel Macron - Les défis de la France, le chef de l’État avait affirmé que le financement actuel du modèle français reposait «beaucoup trop sur le travail». Questionné quant à des alternatives à mettre en place, Emmanuel Macron a relancé l’idée, sans jamais la citer, d’instaurer une TVA sociale. «Il y a la consommation, il y a d’autres choses, ce n’est pas à moi de le préempter, mais je demande au gouvernement d’ouvrir ce chantier», a-t-il indiqué. La mise en place de cette TVA avait déjà été formulée par le Medef dans le but de voir le salaire net des Français augmenter.
Alors que cette proposition revient régulièrement dans le débat public depuis plusieurs décennies, l’ancien ministre de l’Économie, Alain Madelin, a fustigé une telle proposition. Invité sur le plateau de BFMTV, l’ancien membre de l’exécutif a purement et simplement considéré comme «stupide» l’idée d’une TVA sociale. «Je regrette que le président de la République se laisse entraîner dans une voie qui est stupide», a-t-il lancé, expliquant que cette dernière avait déjà été «essayée par le passé avec d’autres prétextes». «Le premier c’était souvent de dire on va faire payer les produits importés. […] On a dit ensuite, je crois que c’était Nicolas Sarkozy, qui avait dit "on va en faire une taxe anti-délocalisation". Bien évidemment c’était tout aussi stupide», a expliqué Alain Madelin.
Alain Madelin accuse le patronat de «lourdes responsabilités»
L’idée d’une TVA sociale qui passerait par une augmentation des taxes sur la consommation en échange de meilleurs salaires est d'ailleurs soutenue par le groupe de la majorité à l’Assemblée nationale, de même que par l’ancien ministre de l’Économie, Bruno Le Maire. Fin 2024, le Medef, lui, avait quant à lui plaidé pour une hausse d’un point de la TVA pour la porter de 20 à 21 % afin de permettre le financement du modèle sociale français. Un patronat qu’Alain Madelin a dans le viseur et qu’il accuse d’avoir «une lourde responsabilité dans cette affaire». «Pendant des années il a dit "il faut que l’État nous subventionne car les salaires sont trop lourds". Ça a été quelque chose de complètement stupide», qui a, selon ce dernier, eu pour conséquence une «smicardisation» de la société française.
Aujourd’hui, la France compte quatre taux de TVA - le classique de 20%, celui de 5,5% sur les produits alimentaires, celui de 2,1% sur les médicaments ou celui de 10% sur les travaux -, soit une moyenne inférieure aux autres pays européens. Ainsi, comme le propose le Medef, rehausser d’un point la TVA est toutefois une idée à nuancer selon l’économiste Philippe Crevel. Si elle permettrait en effet de récupérer environ 7 milliards d’euros, cela ne représenterait qu'«une goutte d’eau si l’on compare ce chiffre au coût du modèle social qui s’élève à environ 530 milliards d’euros chaque année», explique-t-il.


















