
Une cohabitation très difficile. Après plusieurs scènes de violence survenues dans le quartier de Saint-Mauront, dans le IIIe arrondissement de Marseille, les employés d’Orange ont fait leur retour sur leur lieu de travail. La direction avait fermé le site pendant quinze jours. En effet, ce dernier se situe à quelques centaines de mètres d’un important point de deal. Les trafiquants ont même tagué la clôture de l’entreprise pour indiquer le chemin afin de s’y rendre.
«Certains salariés sont terrorisés, on leur propose d'exercer leur droit de retrait», affirme Nadège Poët, salariée sur le site depuis 25 ans et élue CFE-CGC au CSE d’Orange, auprès de France 3 Provence. L’accès aux locaux de l’entreprise serait risqué puisqu’il est nécessaire de s’y rendre à pied ou en métro, les parkings étant fermés pour travaux. Ainsi, des mesures ont été prises pour garantir la sécurité des salariés. Mais celles-ci ne convainquent pas. «Nous devrions recevoir un SMS s'il y a un souci dans le quartier. Je pense que la formation va durer dix secondes : on se couche sous un bureau ! J'aurais préféré recevoir une arme ou un gilet pare-balles», déclare-t-elle, un brin ironique.
Le syndicat CFE-CGC réclame plus de jours de télétravail pour les salariés
«Puisque je viens avec mon ordinateur portable pour travailler, je dois le cacher dans un sac-poubelle ou de grande surface», avoue Nadège Poët, qui reconnaît également ne pas porter de bijoux ou de lunettes. Elle annonce toutefois que «des policiers devraient faire plus de rondes dans le quartier, et cerise sur le pompon, un agent de sécurité de la RTM va rester à la sortie du métro». Pas de quoi rassurer le syndicat CFE-CGC : «Les décisions ont été prises sans nous, les réflexions se sont faites sans nous. Nous sommes les otages politiques de décisions prises à Paris».
Face au risque que représente le quartier «le plus pauvre d’Europe», le syndicat souhaite que les jours de télétravail passent au nombre de trois par semaine et propose de délocaliser un salarié sur trois vers d’autres sites. Le mardi 16 décembre, Emmanuel Macron doit se rendre dans la cité phocéenne, une venue que les salariés d’Orange prennent avec le sourire : «Au moins, ce jour-là, on est sûrs de pouvoir venir travailler à pied en sécurité».


















