Les réactions se succèdent au lendemain de l’annonce de la démission du Premier ministre Sébastien Lecornu après seulement 27 jours à Matignon. Dans la foulée, le Medef avait fait savoir par communiqué que, «dans une volonté de participer à l’apaisement du pays», le grand meeting prévu le 13 octobre était reporté. Toutefois, le patron du Medef ne compte pas attendre qu’un nouveau gouvernement soit annoncé pour avancer. Invité de Franceinfo ce mardi 7 octobre, Patrick Martin regrette la crise politique actuelle qui «surajoute dans nos rangs une inquiétude qui existait déjà».

Le patronat considère que les débats sont aujourd’hui hors-sol. «Ce qu’on ne comprend plus, c’est le caractère artificiel et très décalé par rapport à nos réalités, aux réalités de l’économie, de ce qui se livre sur le champ politique», a déploré Patrick Martin sur Franceinfo, même s’il concède ne pas avoir de «légitimité» pour se prononcer «sur les responsabilités des uns et des autres». Surtout, le patron du Medef fustige un «spectacle politique désolant» et appelle «à une forme de responsabilité de la part de tous les acteurs politiques».

Des investissements en baisse

D’autant que selon lui, ces crises politiques successives ont des conséquences sur le plan économique et dans les entreprises. «On perd en compétitivité», souligne Patrick Martin, alors que pendant ce temps-là, les pays voisins «accélèrent». Patrick Martin évoque des conséquences «concrètes» : «Depuis deux ans, les investissements sont en baisse alors qu’on devrait accélérer sur le numérique, la décarbonation, la compétitivité…», assure le patron du Medef qui évoque déjà 100 000 suppressions dans le secteur privé.

Craignant un «étouffement progressif du pays», le Medef estime aujourd’hui que «le décrochage de l'économie française est enclenché». Patrick Martin fustige des débats hors-sol et met en garde : «A un moment donné, il faudrait une prise de conscience collective de politique pour appréhender cette situation économique qui se dégrade.» Et d’ailleurs, si l’économie est à l’arrêt, ce sont toutes les recettes «pour l'État et pour les régimes sociaux qui sont à l'arrêt», rappelle le patron des patrons.

Des «économies de bouts de chandelles» dans l’apprentissage

Patrick Martin a enfin évoqué plus précisément le sujet de l’apprentissage, et les «économies de bouts de chandelles» réalisées à son détriment. Il a rappelé qu’il y aurait sans doute 65 000 postes d’alternants en moins d’ici fin 2025. Selon lui, il y aura des postes en moins «pour des raisons budgétaires et parce qu'il ne faut surtout pas aider les entreprises».