En trente ans de commerce, je n’avais jamais connu une ­situation pareille», s’étonne Eric Chevée en cette mi-­septembre. Voilà plusieurs semaines que ce patron d’un magasin d’ameublement à Chartres cherche à embaucher un vendeur… Une gageure ! «Si j’ai le malheur de réfléchir quarante-huit heures après un entretien intéressant, le candidat a déjà trouvé ailleurs, témoigne notre homme. C’est devenu pire que le marché immobilier parisien !» Le poste a pourtant des atouts : des ­horaires confortables, un intéressement au chiffre d’affaires… Mais, après trois tentatives de recrutement ratées, encouragé par une reprise d’activité solide (+ 13% sur un an), ce chef d’entreprise commence à se résigner : «Je me demande si je ne vais pas devoir proposer un ­salaire plus élevé…»

Des restaurants aux usines agro­alimentaires, en passant par les agences de services à la personne, la même question se pose. Alors que l’économie repart sur les chapeaux de roue (plus de 6% de croissance en 2021), faut-il revaloriser les rémunérations ? Sans surprise, les syndicats plaident pour. La CGT milite carrément pour un Smic à 2 000 euros brut «et une augmentation dans les mêmes proportions de tous les salaires», précise Boris Plazzi, secrétaire confédéral (soit une rallonge générale de 25% tout de même). Sans aller jusque-là, le gouvernement lui aussi monte au créneau. Au gré de sorties médiatiques remarquées, Jean Castex, Elisabeth Borne ou Bruno Le Maire ont quasiment sommé les patrons de remonter les rémunérations. «La croissance doit profiter à tout le monde, même aux moins qualifiés (…), tous ceux qui ont été aux avant-postes de la crise», a insisté le ministre de l’Economie.

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