Le géant suisse de l’agroalimentaire Nestlé a annoncé ce jeudi 16 octobre un vaste plan de restructuration, marqué par la suppression de 16 000 postes dans le monde d’ici fin 2027, principalement parmi les cadres. Cette décision intervient alors que le groupe affiche un recul de 1,9% de son chiffre d’affaires sur les neuf premiers mois de l’année, à 65,9 milliards de francs suisses (environ 71 milliards d’euros), rapporte BFMTV.

Sur les 16 000 postes concernés, 12 000 sont des postes de cadres, toutes fonctions et zones géographiques confondues. Le reste – environ 4 000 emplois – s’inscrit dans des initiatives déjà engagées pour améliorer la productivité, notamment dans la production et la chaîne d’approvisionnement, précise le communiqué du groupe. Ce plan de réduction des effectifs vise à réaliser un milliard de francs suisses d’économies par an d’ici fin 2027. A la tête de Nestlé depuis début septembre, Philipp Navratil justifie cette stratégie par la nécessité d’adaptation du groupe face à un environnement économique en mutation rapide.

Contexte mouvementé pour Nestlé

«Le monde évolue et Nestlé doit s'adapter plus rapidement», a-t-il déclaré dans un communiqué. Pour le nouveau dirigeant, cette transformation implique des arbitrages délicats : «De prendre des décisions difficiles, mais nécessaires, pour réduire les effectifs.» Au-delà des suppressions de postes, Nestlé entend poursuivre ses efforts de rationalisation : «Parallèlement à d'autres mesures, nous nous efforçons de réduire considérablement nos coûts et, aujourd'hui, nous relevons notre objectif d'économies à 3 milliards de francs suisses d'ici fin 2027.»

Ce plan intervient dans un moment de forte instabilité interne pour le groupe. En septembre, Nestlé a connu un changement brutal de direction, avec le licenciement de son ancien directeur général, le Français Laurent Freixe, et le départ anticipé de son président, le Belge Paul Bulcke. Autre défi de taille : rétablir la croissance. Après avoir été frappé de plein fouet par la flambée des prix depuis 2022, Nestlé peine à retrouver son rythme. Sur les neuf premiers mois de 2025, la croissance organique du groupe a atteint 3,3%, tirée essentiellement par des hausses de prix (+2,8%).

En France, la situation est également tendue. En 2024, Nestlé a supprimé 30% de ses effectifs commerciaux, dans un contexte de baisse d’activité. Le pays, qui comptait jusqu’à 34 usines Nestlé, n’en dénombre plus que 14 aujourd’hui. A cela s’ajoute le scandale des eaux en bouteille, qui continue d’éclabousser l’image du groupe. Nestlé, via sa filiale Perrier, est accusé de «tromperie» dans une affaire que le Sénat a qualifiée de «scandale industriel» et de «scandale politique».