
Un procès sous haute tension a débuté ce lundi 14 avril à Washington. La Federal Trade Commission (FTC), le gendarme américain de la concurrence, accuse Meta d’avoir acheté Instagram et WhatsApp pour éliminer des rivaux potentiels. Appelé à la barre dès le premier jour d’audience, Mark Zuckerberg, patron du géant des réseaux sociaux, a défendu des acquisitions bénéfiques. Toutefois, des e-mails internes renforcent les soupçons, comme le relaie le journal 20 Minutes. Ce procès historique en matière de régulation du numérique menace le modèle de croissance du groupe californien, qui pourrait être contraint de se séparer de ces deux plateformes emblématiques en cas de condamnation.
La plainte de l’agence de protection des consommateurs a été déposée en 2020 et concerne le rachat par Facebook (aujourd’hui Meta) d’Instagram en 2012 pour 1 milliard de dollars, et de WhatsApp en 2014 pour 19 milliards de dollars. «Meta a décidé que la concurrence était trop rude et que ce serait plus facile d’acheter ses rivaux plutôt que d’être en concurrence avec eux», a résumé Daniel Matheson, représentant de la FTC, à l’ouverture du procès, dans une salle d’audience comble.
«Eliminer des menaces immédiates»
Selon lui, ces acquisitions avaient pour objectif d’«éliminer des menaces immédiates» et de protéger l’hégémonie de Facebook sur les réseaux sociaux. Face à ces accusations, Mark Zuckerberg a reconnu que si les relations sociales restaient une composante de l’activité de son entreprise, cette dimension avait toutefois fortement reculé face à d’autres usages. «Cela fait définitivement partie de ce que nous faisons, mais cette activité n’a pas vraiment progressé par rapport à d’autres aspects», a-t-il déclaré. «Les connexions avec les proches représentent une part de moins en moins grande de notre organisation», a poursuivi le patron de Meta.
Sa stratégie de défense consistera notamment à démontrer que le marché des réseaux sociaux est bien plus large que celui des seuls «réseaux sociaux personnels», et qu’il est fortement compétitif. «Des acquisitions engagées avec la volonté de faire grandir et d’améliorer les entreprises rachetées n’ont jamais été illégales», a souligné Mark Hansen, avocat de Meta, qui a qualifié Instagram et WhatsApp de «réussites en matière de bien des consommateurs».
Toutefois, la défense de Mark Zuckerberg pourrait bien être mise à mal car la FTC s’appuie notamment sur une série d’échanges internes. Ainsi, dans un e-mail datant de 2012, Mark Zuckerberg écrivait : «L’impact potentiel d’Instagram est vraiment effrayant, et c’est pourquoi nous devrions envisager de payer beaucoup d’argent.» Des propos sans équivoque qui risquent peut-être de faire pencher la balance… Le procès doit durer 8 semaines.


















