Un bruit strident de scie électrique à métal résonne dans les rues du Vieux-Port, à Marseille. Lundi 16 juin, des agents municipaux équipés de disqueuses ont retiré une soixantaine de « boîtes à clés » installées sur le mobilier urbain, selon France 3. Accrochées aux poteaux, aux grilles ou aux arceaux de vélo, ces boîtes permettent aux propriétaires de meublés touristiques de déposer les clés pour leurs clients, souvent des touristes ayant réservé via Airbnb ou d’autres plateformes similaires. Cette action spectaculaire incarne un durcissement de la politique municipale à l’égard des locations de courte durée, accusées d’aggraver la crise du logement à Marseille.

Selon la mairie, la ville compte environ 12 000 logements de tourisme en location courte durée. Des biens qui échappent ainsi au marché locatif traditionnel, contribuant à raréfier l’offre pour les habitants. « Un logement sur quatre a été transformé en location saisonnière dans certains quartiers », affirme le maire Benoît Payan, qui a décidé d’utiliser la loi Le Meur pour limiter à 90 jours par an la durée de location des meublés touristiques, contre 120 jours auparavant. Une mesure déjà adoptée dans d’autres villes du littoral, comme Nice ou Cannes.

Une opération assumée pour remettre des logements sur le marché

Près du Vieux-Port, les boîtes à clés confisquées ont été rassemblées devant les caméras. La mairie souhaite à la fois décourager les propriétaires et envoyer un signal clair : « On commence à avoir des problèmes avec le surtourisme qui nous conduit à une crise immobilière », déclare Patrick Amico, adjoint au logement. En 2023, selon la mairie, 1 200 logements ont été perdus, transformés en résidences secondaires ou en meublés touristiques. Cette politique de fermeté s’appuie sur le code de la voirie. « Les propriétaires de boîtes à clés occupent sans autorisation le domaine public », précise l’élu. Avant de passer à l’action, les services municipaux avaient apposé un autocollant de mise en demeure sur les boîtes concernées.

De nouvelles interventions sont déjà programmées dans d’autres quartiers prisés des touristes, notamment celui des Catalans, où se trouve la plage la plus proche du centre-ville. Comme le résume une habitante croisée dans le quartier : « Réguler, c’est essentiel. Aujourd’hui, il y a plus d’offres de location saisonnière que d’appartements pour vivre. »