«Pas pour moi, les logements sociaux», vous dites-vous. Pas parce que vous n’en avez pas envie mais parce que vous êtes convaincu de ne pas y avoir droit. Pourtant, 70% des ménages français sont éligibles à un HLM, assure l’Agence nationale de contrôle du logement social (Ancols). Encore faut-il pouvoir en décrocher un. En 2024, seulement 14% des demandeurs ont obtenu un logement social, une proportion en baisse d’un point par rapport à 2023, souligne l’Union sociale pour l’habitat (USH), lors d’une conférence de presse, ce mardi 16 septembre.

Il y a 10 ans, un peu plus d’un quart (26%) des demandeurs décrochait un HLM… L’équation est simple : d’un côté, une demande qui ne cesse de gonfler, de l’autre, une production de nouveaux logements qui peine à suivre le rythme, en raison de la dégradation des finances des bailleurs sociaux et des impératifs de rénovation énergétique.

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Bientôt 3 millions de demandeurs de HLM

Au 30 juin dernier, l’USH recensait 2,8 millions de demandeurs de logement social, soit 100 000 de plus en six mois. Et, sur ces 2,8 millions de demandeurs, seulement 900 000 habitent déjà dans le parc social. Le solde de 1,9 million n’y a encore jamais mis les pieds. «Il y a quelques années, c’était 100 000 demandeurs de plus sur une année entière, pas sur un semestre», alerte Emmanuelle Cosse, présidente de l’USH, invoquant une «paupérisation croissante des travailleurs et le rétrécissement du parc locatif privé», en raison des difficultés d’accession à la propriété et de la multiplication des contraintes réglementaires et fiscales pour les investisseurs particuliers.

L’USH note certes une embellie dans la construction de HLM, avec 100 000 logements produits en 2025 mais «il en faudrait 10 000 à 15 000 de plus», estime Emmanuelle Cosse. «On va finir par atteindre les 3 millions de demandeurs», pronostique en effet Marianne Louis, directrice générale de l’USH.

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3 profils qui décrochent plus facilement un HLM

Si seulement 14% des demandes de HLM se trouvent aujourd’hui satisfaites, ce taux, dit «de succès», varie toutefois selon les profils des ménages. Il est plus élevé, autour de 16% à 17%, pour les familles monoparentales, les jeunes de moins de 30 ans et les salariés du privé. Il tombe en revanche entre 10% et 12% pour les personnes seules, les retraités et les chômeurs.

«Le revenu reste déterminant», analyse l’USH. En effet, les ménages les plus pauvres, qui gagnent moins de 500 euros par mois, et, à l’autre extrémité, ceux aux revenus les plus élevés, supérieurs à 2 000 euros mensuels, ont les taux de succès les plus bas, à 7% et 11% respectivement, alors qu’il avoisine 15% pour les foyers aux revenus intermédiaires, compris entre 500 et 2 000 euros. «L’offre de logements à très bas loyer, même après déduction de l’aide personnalisée au logement (APL), reste insuffisante», reconnaît l’USH.

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Des difficultés de logement partout en France

Vous avez par ailleurs plus de chances d’obtenir un HLM si vous êtes nouveau venu dans le parc social. Les personnes déjà locataires d’un HLM et qui souhaitent en changer affichent un taux de succès de 12%, contre 15% pour celles qui demandent un logement social pour la première fois. «Les locataires du parc social sont moins prioritaires dans les politiques d’attribution», explique l’USH. Attention, si vous êtes locataire dans le parc privé, la probabilité de décrocher un HLM n’excède pas 12% alors qu’elle atteint 16% si vous occupez un logement de fonction et 17% si vous êtes hébergé par un tiers.

Vos chances de décrocher un HLM ne sont pas non plus les mêmes selon la région dans laquelle vous vivez : elles sont de 32% en Bourgogne-Franche-Comté mais de seulement 7% en Ile-de-France et 9% en Provence-Alpes-Côte-d’Azur, où la demande de logements excède l’offre disponible. Emmanuelle Cosse estime néanmoins que les différences entre zones tendues et détendues s’estome : «La crise folle de l’accès au logement concerne toutes les régions, toutes les catégories socio-professionnelles». Selon elle, les élus locaux se rendent désormais si bien compte de «l’immensité du problème du logement» qu’à la veille des élections municipales de 2026, «on voit, contrairement aux scrutins des années précédentes, des maires qui veulent lancer de nouveaux programmes de construction de logements».