Annus horribilis ! En 2022, rares ont été les supports de l’assurance vie à offrir un rendement positif. Tout ce qui était investi sur les marchés financiers a fortement chuté, et de concert, en plus! C’est la troisième fois seulement en cent ans, après 1931 et 1969, que les actions chutent en même temps que les obligations. Tout a fini dans le rouge vif, sauf ce qui était investi sur le pétrole: -6,7% pour les actions françaises (CAC 40), -9,5% pour les actions européennes (Euro Stoxx 50), -18,1% pour les actions américaines (S&P 500), mais aussi -18,7% pour les obligations à long terme de l’Etat français, -13,8% pour les obligations des entreprises européennes bien notées, -9,4% pour les obligations d’entreprises européennes spéculatives…

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Les supports en unités de compte de l’assurance vie ont été entraînés par la vague. Pire, les fonds ou gestions profilés «prudents» ou «sécuritaires» n’ont pas été épargnés, malgré leur dénomination, parce que composés d’une majorité d’obligations et d’un peu d’actions. Le fonds garanti en euros, lui, a enrayé sa chute et s’offre un rendement moyen en hausse de 60 points de base, passant en moyenne de 1,30% en 2021 à 1,90% en 2022. Les SCPI et les fonds investis dans le non-coté sauvent aussi la face. Mais aucun support n’a véritablement gagné la bataille de l’inflation, qui a culminé à 5,2% l’an dernier. Dans ces conditions, et en rendement réel corrigé de la hausse des prix, tous les supports de l’assurance vie, à de rares exceptions près, sont dans le rouge.

Comment s’en sortir cette année? Difficile à dire, tant les marchés restent volatils, en raison d’une inflation pas encore vraiment maîtrisée. Le rendement des fonds garantis en euros devrait continuer de monter, sans toutefois rattraper la rémunération de son éternel concurrent, le Livret A, qui pourrait encore grimper au-dessus des 3% au 1er août. Sans risque de perte en capital, le fonds en euros conserve son utilité pour les épargnants prudents, pour ceux qui privilégient une position d’attente, avant de reprendre pied sur les marchés boursiers, ou pour ceux qui cherchent à diversifier leurs placements.

Pour le reste et pour avoir du rendement, il va falloir renoncer à la liquidité et se tourner vers des placements moins immédiatement disponibles: les SCPI (qui, avec une indexation des loyers sur l’inflation, pourraient afficher une performance en légère hausse), les fonds investis dans le non-coté (bloqués pendant une dizaine d’années) ou les bons fonds eurocroissance. Avec une mention toute particulière pour les fonds obligataires dits datés ou à échéance, qui, si on bloque son épargne pour au moins cinq ans, présentent un vrai potentiel de rendement. Aucune de ces solutions n’est aussi sûre que le fonds en euros, mais en sélectionnant correctement les supports choisis, vous pourriez réussir à battre l’inflation. Suivez le guide !

1. Fonds euro-croissance : tous les produits ne se valent pas

Rares sont les fonds dits «eurocroissance» qui répondent à leur promesse initiale, celle d’offrir un meilleur rendement que celui du traditionnel fonds garanti en euros. En 2022, ces fonds hybrides sont quasiment tous dans le rouge et parfois pas qu’un peu! Celui du contrat Afer affiche ainsi un rendement négatif de 11,38% (-0,14% en 2021), quand celui de Generali se hisse péniblement à +0,05%! Seul Axa tire son épingle du jeu, avec une jolie performance de 3,30% en 2022, portant sa rémunération totale à 18,88% depuis 2017 (+2,92% annualisée). Conforme à l’objectif de «faire, sur la durée, de 100 à 150 points de base (1% à 1,50%) en moyenne par an de mieux que le fonds en euros», précise Gilbert Chahine, directeur général épargne retraite et prévoyance d’Axa France.

Faut-il y aller, pour ceux qui hésitent encore? Ceux qui ont un horizon de placement long, de huit à dix ans, peuvent tenter l’expérience. Pour les autres, mieux vaut s’abstenir. La spécificité de ces fonds eurocroissance est en effet d’offrir une garantie, mais au terme de huit, dix ans ou plus (à la différence des fonds en euros qui offrent cette garantie du capital à tout moment). En sortant avant cette échéance, vous n’êtes pas certain de récupérer votre mise si les marchés financiers ont baissé. L’intérêt: avec une garantie en capital plus lointaine, le gestionnaire financier du fonds peut faire preuve de plus d’audace, ce qui normalement est payant en termes de rendement. Ainsi, chez Axa, le fonds est constitué à 60% d’obligations (90% dans le fonds euros classique) et à 40% de produits de diversification, «que nous investissons à plus long terme, sur des placements illiquides, plus résilients car déconnectés des marchés financiers, comme l’immobilier, les infrastructures ou le capital-investissement, par exemple», détaille Gilbert Chahine.

En 2022, alors que les marchés financiers étaient très baissiers, ces produits diversifiés ont joué leur rôle d’amortisseur. Et si l’assureur s’en sort si bien, c’est qu’il a collecté férocement. Les actifs de son fonds eurocroissance sont passés de 1,3 milliard d’euros à 3 milliards d’euros en 2022, soit 1,7 milliard d’argent frais, investi dans des marchés obligataires bien plus rémunérateurs que par le passé (le rendement des obligations qui baissait depuis de nombreuses années et a fortement remonté en 2022), ce qui a permis de soutenir son taux. Ce fonds-là paraît bien armé pour l’avenir.

2. Fonds garanti en euros : un rendement en hausse, du jamais-vu depuis trente ans

Un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître… Pour la première fois depuis plus de trente ans, le rendement des fonds garantis en euros de l’assurance vie est en hausse! En 2000, le taux moyen culminait encore à 5,30%. Mais le fonds sécurisé de l’assurance vie, principalement investi en obligations, a chuté en même temps que les rendements obligataires. Depuis 2015, en effet, les obligations de l’Etat français – dont les assureurs sont friands – offraient une performance inférieure à… 1%, quand elle n’était pas négative! Difficile, dans ces conditions, d’offrir de bons taux aux assurés. En 2021, ces derniers étaient retombés à 1,30% en moyenne, selon France Assureurs.

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