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Quand vous investissez sur les marchés financiers, et en particulier sur les actions, vous avez plusieurs possibilités : les acheter vous-mêmes et en direct ou faire confiance à un gérant professionnel et acheter des parts de la sicav ou du fonds commun de placement (FCP) qu’il gère. Ces fonds d’investissement sont composés de plusieurs dizaines, voire centaines de titres (actions ou obligations), choisis par le gérant, selon son style de gestion et son terrain de jeu (actions françaises, européennes, technologiques américaines, etc.). Il s’agit d’une gestion dite “active” _ puisque le gérant est à la manœuvre et sélectionne scrupuleusement ce qu’il met dans son fonds _, qui est aussi la plus développée en France.
Depuis quelques années, elle est challengée par un autre style de gestion, dite gestion “passive”, représentée par des fonds d’un nouveau genre, les ETF (Exchange Traded Funds) ou les trackers (c’est la même chose). Moins chers et souvent plus performants, ils sont en train de se tailler la part du lion. Vous pouvez les loger dans votre compte-titres ou votre PEA (plan d’épargne en actions) et vous en trouverez aussi de plus en plus dans vos assurances vie ou vos plans d’épargne retraite (PER), notamment chez les courtiers en ligne. Voici ce qu’il faut savoir pour faire les bons choix.
1. Des fonds indiciels
Les fonds d'investissement traditionnellement utilisés en France, les sicav ou les FCP, sont composés de plus d’une cinquantaine actions ou d’obligations choisies par un gérant, selon ses convictions et l’orientation de son fonds : actions européennes, actions de la tech américaine, etc. Les fonds indiciels (ETF ou trackers) ont eux aussi une orientation définie, mais sans aucune conviction : ils se contentent de copier un indice.
Les indices ont été créés pour refléter la performance d’un marché (les 40 plus grosses entreprises françaises cotées pour le CAC 40, les 50 plus grosses entreprises de la zone euro pour l’Euro Stoxx 50, etc.) ou d’un secteur (le Nasdaq pour les entreprises américaines de la technologie). Ils font état de la tendance haussière ou baissière de chaque marché et permettent de les comparer entre eux. Il en existe des milliers, celui des entreprises de la tech chinoises, celui de l’immobilier en Inde, etc.
Les ETF couvrent donc tous les marchés boursiers mondiaux. «Il existe des ETF pour tous les produits cotés en Bourse, sur des actions du monde entier – pays émergents inclus, des obligations, des matières premières et notamment des métaux précieux, et même sur le bitcoin», confirme Arnaud Gihan, directeur de la distribution pour la France chez BlackRock.
Concrètement, un ETF basé sur le CAC 40, l'indice phare de la Bourse de Paris, sera composé exactement des mêmes valeurs que le CAC 40 lui-même et dans la même proportion. Au 20 juin, par exemple, Hermès représentait 10% de la capitalisation de l’indice: LVHM, 9,46%; Safran, 4,61%, etc. L’ETF CAC 40 aura la même part que l’indice dans chacune des 40 sociétés françaises.
Rendement : les ETF actions font presque toujours mieux que les fonds classiques

(1) Il s’agit de la part des indices (par extension, et pour la bonne compréhension, des ETF) qui ont fait mieux que les fonds classiques de gestion active. Sources : études SPIVA, Standard and Poor’s, chiffres arrêtés au 30 juin 2024.
2. Diversifiés dès 10 euros
Les ETF les plus achetés, surtout en Europe, sont ceux qui répliquent le MSCI World (qui suit les actions de plus de 1 500 grandes ou moyennes sociétés dans 23 pays développés) et le S&P500 (les 500 plus grosses capitalisations américaines). «Ces produits sont diversifiés par nature», dit Arnaud Gihan. En achetant un ETF, vous investissez dans de nombreuses actions et vous ne mettez donc pas tous vos œufs dans le même panier. Avec un ETF MSCI World, vous investissez dans plus de 1 350 entreprises des principaux pays industrialisés. La gestion active traditionnelle (Sicav ou FCP) rassemble au plus 300 à 400 valeurs dans un même fonds _ certains fonds pouvant être beaucoup plus concentrés. «Le niveau de risque de ce type d’ETF est moins élevé, car il est réparti sur de plus nombreuses valeurs», explique Arnaud Gihan.
Mieux, cette diversification fonctionne même pour de modestes versements. Si vous versez 10 euros sur un ETF CAC 40, par exemple, cette somme sera répartie sur chacune des 40 valeurs de l’indice, et non seulement vous serez bien diversifié, mais vous le serez surtout immédiatement : sur vos 10 euros, vous aurez 1 euro investi dans le titre Hermès (10% de l’indice, lire plus haut), alors que pour acheter une action la société de luxe, la plus onéreuse du CAC 40, il vous aurait fallu débourser 2 257 euros (son prix au 20 juin). Les ETF vous permettent donc d’accéder à des valeurs que vous n’auriez pas pu vous offrir avant d’avoir amassé un certain capital. Dans le même ordre d’idée, si vous aviez voulu investir dans chacune des entreprises du CAC 40, il vous en aurait coûté pas moins de 6 167 euros, au 20 juin... Versus l’ETF CAC 40, qui dès 10 euros, répartit votre versement sur les 40 mêmes entreprises.
3. Simples et transparents
«Avec un ETF, on sait ce qu’on achète», fait valoir Olivier Malteste, directeur des investissements chez Yomoni. Dans une Sicav ou un FCP d’actions françaises classiques, le gérant va nécessairement écarter certaines sociétés du CAC dans lesquelles il croit moins. L’ETF CAC 40, lui, ne fait aucun pari et réplique fidèlement la composition de son indice, qu’il pleuve, qu’il neige ou qu’il vente ! «Vous savez ce que vous achetez au moment où vous faites votre versement et pour toute la durée de votre investissement, alors qu’un gérant actif vous donnera la composition de son fonds lors de la souscription, mais pas de quoi il sera composé demain ou après-demain», selon Olivier Malteste. «Pas de surprise non plus sur la performance financière avec les ETF : c’est celle de l’indice moins des frais», note Jean-Denis Bachot, responsable de l'Europe de l'Ouest chez Fidelity International.
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4. Très allégés en frais
C’est le plus gros avantage des ETF et non des moindres : leur coût ! Comme le gérant réplique passivement un indice, c’est beaucoup moins de travail pour lui et sa société, et c’est donc beaucoup moins cher que la gestion active. Il n’a pas besoin d’un service d’analyse ou de recherches, il fait beaucoup moins d’allers-retours générateurs de frais. «En moyenne, les ETF ont des frais annuels de 0,10% à 0,15%, contre 1,50% à 2% pour les fonds d’investissement classique, sicav ou FCP, destinés aux particuliers», selon Jean-Denis Bachot. Et ces frais, déjà très faibles, le sont de plus en plus sous l’effet de la concurrence.
«Sur les grands indices, MSCI World ou le S&P500, les grandes maisons spécialisées dans les ETF (State Street, BlackRock, Amundi, Vanguard, etc.) se livrent actuellement une bataille féroce sur les frais de gestion, ramenés au plus bas … à 0,03%», commente Frédéric Rozier, coresponsable de la gestion de portefeuille chez Mirabaud en France. Une paille et une sacrée aubaine pour les investisseurs particuliers ! Les plus chers des ETF atteignent péniblement 0,15% à 0,20% de frais, ce sont ceux opérant sur des marchés très spécifiques ou sur les émergents par exemple, avec des frais maximum de 0,15% à 0,20%.
5. Performants sur le long terme
Les ETF sont non seulement moins chargés en frais que les autres fonds d’investissement, mais ils sont aussi plus performants à long terme. Sur un an par exemple, 85% des ETF basés sur les 350 plus grosses valeurs européennes (S&P Europe 350) ont fait mieux que les gérants actifs sur ce marché : à dix ans cela monte à 92% ! En clair, seuls 8% des gérants actifs ont fait mieux (lire tableau). Sur le marché américain et le S&P 500, 96,5% des ETF ont réalisé une meilleure performance sur dix ans que les fonds classiques…
«L’ETF est un animal à sang froid, il est toujours exposé à 100% sur les actions de son indice, quoiqu’il se passe sur les marchés, alors que le gérant d’un fonds classique peut alléger ses positions en cas de gros temps. En cas de baisse, il peut donc sortir et rester en liquidité pour investir plus tard quand le marché sera mieux orienté», explique Olivier Malteste. Dans ces phases baissières, le gérant actif, qui peut faire des arbitrages, perd théoriquement moins d’argent et les ETF vont alors faire moins bien que les sicav ou FCP classiques.
En 2022, par exemple, quand la plupart des places boursières mondiales étaient dans le rouge (-17,7% pour le MSCI World), les ETF l’étaient aussi, puisqu’ils n’avaient pas d’autres moyens que de rester investis à 100%. Reste que, sur le long terme, ils redeviennent gagnants, parce que «le marché monte plus qu’il ne baisse et que les périodes de hausse sont plus importantes que les périodes de baisse», constate Olivier Malteste. C’est statistique : de 1979 à 2024 par exemple, le MSCI World a eu un rendement positif pendant 34 des 46 années couvertes, ce qui lui a permis d’afficher un taux de croissance moyen de 10,32% par an, sur la période. C’est beaucoup !
«Sur courte période, l’ETF est rarement numéro un, ce n’est pas son but. Mais plus il avance dans le temps, plus il a de chances de surperformer la gestion active. Un gérant peut difficilement battre son indice, frais pris en compte, de manière récurrente», explique Arnaud Gihan.
Et puis, élément déterminant, les faibles frais des ETF vont jouer sur la performance à long terme et l’améliorer sensiblement (lire encadré). Difficile de lutter contre cela pour la gestion active. «En capitalisant les frais de gestion économisés avec les ETF, cela fait une grosse différence», conclut Arnaud Gihan. Mécaniquement, plus vous investissez sur le long terme, plus l’ETF a des chances de faire mieux. CQFD.
Les frais bas améliorent la performance de plus de … 25% sur 10 ans
Yomoni a fait pour Capital un calcul sur l’incidence des frais sur la performance réelle des fonds actifs (sicav, FCP) ou passifs (ETF), investis dans des actions internationales (indice de référence : MSCI World avec ses plus de 1500 valeurs du monde entier). La moyenne des frais retenus dans cette catégorie est de 0,20% pour les ETF et de 1,41% pour les fonds de gestion active (moyenne sur les 840 fonds actifs actions monde, de la base Quantalys).
- L’incidence intuitive
“L’intuition voudrait que l’écart de frais de 1,21% entre la gestion passive (0,20%) et la gestion active (1,41%), entraîne une perte linéaire de rendement de 12,1% sur 10 ans (1,21% x 10) pour la gestion active, de 24,2% sur 20 ans (1,21% x 20) ou de 36,3% sur 30 ans (1,21% x 30). Mais en réalité, les frais ont un effet cumulatif bien plus pénalisant car chaque euro prélevé en frais est un euro qui ne fructifie pas avec le temps”, explique Olivier Malteste, directeur des investissements chez Yomoni.
- L’incidence réelle
Si l’on applique les deux niveaux de frais (0,20% et 1,41%) à l’évolution historique de la performance du MSCI World (toujours l’indice des actions internationales) sur 30 ans (du 31 mai 1995 au 30 mai 2025), l’écart de performance réel, après déduction des frais est le suivant : 27,66% sur 10 ans (et pas 12,1% attendu de manière linéaire), 110,45% sur 20 ans et même … 317,83% sur 30 ans ! D’où l’importance d’opter pour des produits à frais réduits.
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