
«Il faut un peu de temps pour monter un produit comme celui-ci», a concédé Nicolas Dufourcq, directeur général de Bpifrance. Lors d'une conférence de presse, ce mardi 14 octobre, la banque publique a annoncé l'ouverture à la souscription de son nouveau produit «Bpifrance Défense», dont les contours avaient été dessinés sept mois plus tôt, le 20 mars dernier, lors d'une journée dédiée au financement de la défense française, au ministère de l'Economie et des Finances. Il s'agissait alors d'imaginer des solutions permettant aux particuliers d'investir plus facilement dans les entreprises de notre «Base industrielle et technologique de défense (BITD)», à savoir dans les 4 500 PME-ETI et startups dont au moins 20% du chiffre d'affaires dépend d'achats militaires.
C'est précisément cette catégorie d'entreprises qui sera dans le viseur du nouveau fonds Bpifrance Défense. Il s'agit en effet d'un produit dit de private equity, dont le but est d'apporter des capitaux à des entreprises non cotées en Bourse, principalement des TPE, PME, ETI, et dans une moindre mesure de startups. En tout, ce nouveau fonds sera composé à terme d'un portefeuille d'environ 500 entreprises non cotées. Parmi elles, au moins 70% d'entreprises tricolores, mais aussi 30% de pépites européennes de ce même secteur. Le tout, avec le ticket d'entrée le plus bas de l'histoire de Bpifrance : 500 euros, quand celui de son tout premier fonds de private equity (Bpifrance Entreprises 1) était, en 2020, encore de 5 000 euros. La mise maximum sera limitée à 500 000 euros.
Une durée de placement conseillé d'au moins 10 ans
Si vous pouvez souscrire ce nouveau produit dès aujourd'hui - directement sur le site de Bpifrance -, il restera possible d'entrer dans ce fonds pendant 10 ans, soit jusqu'en octobre 2035. La durée de vie totale de Bpifrance Défense sera, elle, de 20 ans, avec possibilité d'être prolongée d'un an à deux reprises. Il s'agira donc, vous l'aurez compris, d'un investissement de long terme, avec une durée de placement conseillée de 10 ans, en sachant que votre épargne investie sera de toute façon bloquée pour une durée de 5 ans. Impossible de retirer votre capital avant cette échéance, sauf en cas de décès du souscripteur, a précisé Bpifrance ce mardi 14 octobre.
Pour permettre aux investisseurs qui le souhaitent de «sortir» après ce délai de cinq ans, 20% des fonds collectés seront investis dans des actifs liquides et peu risqués : des fonds monétaires et des ETF (trackers) thématiques exposés au secteur de la défense. Cette poche dite de «liquidité» doit permettre de sécuriser une partie des fonds investis par Bpifrance, afin de rendre aux sortants au moins une partie de leur mise de départ. Mais rien ne le garantit : l'argent investi est soumis à une possibilité de perte partielle ou totale, avec un niveau de risque noté 6 sur 7 sur l'échelle de l'indicateur de risque SRI.
Le rendement cible présenté en contrepartie de ce fort niveau de risque, n'est en revanche pas à la hauteur de ce qui pouvait être espéré, notamment en raison de cette poche de liquidité, moins rémunérée. Bpifrance vise un taux de rendement cible de 5% par an, quand ses précédents fonds visaient un rendement cible non garanti de 8% à 10%, cohérent avec ce qu'il est habituellement possible d'espérer d'un fonds de private equity «grand public». «Cette projection est issue de modélisations qui ont pris en compte des scénarios plutôt conservateurs», a précisé Adeline Lemaire, directrice exécutive et fonds de fonds de Bpifrance. Autre explication à cette rémunération plutôt «décevante», Bpifrance Défense est un fonds «primaire», qui investira directement au capital des entreprises et acquerra des parts «neuves», et non «d’occasion» - des titres souvent moins chers -, comme pour un fonds «secondaire» tel que Bpifrance Entreprise 3.
Enfin, outre la possibilité de souscrire sans intermédiaire auprès de Bpifrance, le fonds sera également accessible via différents produits d'épargne grand public : compte-titres, PEA, PEA-PME/ETI, assurance vie, plan épargne retraite (PER), et plan épargne retraite collectif d’entreprise (PERECO), à condition d'être référencé par leurs distributeurs. Pour l'heure, trois acteurs se sont déjà positionnés pour proposer ce fonds à leurs clients : le courtier Meilleurtaux (via ses contrats d'assurances vie et ses PER), AXA, et Natixis Interépargne (via ses produits de retraite collective).




















