Comment convaincre les socialistes de renoncer à une motion de censure contre le futur gouvernement ? Alors que les noms des prochains ministres se font toujours attendre, Sébastien Lecornu explore plusieurs pistes pour finaliser le budget 2026. A la veille d’une rencontre décisive avec le Parti socialiste, ce vendredi 3 octobre, le Premier ministre prépare un éventail de mesures censées à la fois rassurer la gauche et redresser les comptes publics, sans compromettre la croissance.

Selon Les Echos, l’exécutif envisage notamment un renforcement de la contribution exceptionnelle sur les hauts revenus (CEHR), plus connue sous le nom de «surtaxe Sarkozy». Mise en place en 2012 à titre temporaire, cette taxe ajoute 3% d’impôt pour les revenus supérieurs à 250 000 euros (500 000 pour un couple), et 4% au-delà de 500 000 euros par personne (1 million pour un couple). Bien que son rendement ne soit pas officiellement publié, il aurait dépassé 1,5 milliard d’euros en 2022, selon nos confrères, et pourrait être encore plus élevé aujourd’hui. Le gouvernement envisage d’introduire un nouveau palier, ce qui permettrait de générer jusqu’à 1 milliard d’euros supplémentaires pour les finances publiques.

L’épargne et les placements dans le collimateur

Autre piste sur la table: celle issue du «contre-budget» du PS d’augmenter la contribution sociale généralisée (CSG) pesant sur les revenus du patrimoine et des placements (assurance-vie, épargne salariale, PEL, revenus locatifs…). Les socialistes proposent d’augmenter ce prélèvement de 1 point, pour le porter à 10,2%, ce qui permettrait de générer environ 1,9 milliard d’euros. Cette hausse pourrait financer en partie une baisse de CSG sur les salaires modestes, destinée à renforcer leur pouvoir d’achat. Mais l’idée reste toutefois sensible : toute modification affecterait la flat tax à 30%, mesure phare du quinquennat Macron visant à favoriser l’investissement, souligne le journal Les Echos.

Le gouvernement pourrait également prolonger en 2026 la contribution différentielle sur les hauts revenus (CDHR). Créé l’an dernier à l’initiative de Michel Barnier, ce mécanisme garantit que les contribuables les plus aisés s’acquittent d’un minimum de 20% d’impôt sur leurs revenus. Une reconduction d’un an pourrait rapporter environ 1,5 milliard d’euros.

Les grandes fortunes appelées à participer à l’effort fiscal

Des restrictions pourraient également viser les mécanismes d’optimisation fiscale utilisés par certaines grandes fortunes via des holdings familiales, pour un gain estimé jusqu’à 2 milliards d’euros. Enfin, une reconduction partielle de la surtaxe sur les bénéfices des sociétés générant plus d’un milliard d’euros de chiffre d’affaires est envisagée. Prévue dans le budget 2025 pour rapporter 8 milliards, sa prolongation avec des taux réduits pourrait générer 4 milliards en 2026.

Alors que le retour de l’ISF et la taxe Zucman sont écartés, ces mesures visent à répondre aux critiques sur la justice fiscale. Cet ensemble de mesures pourrait rapporter près de 10 milliards d’euros à l’Etat et à la Sécurité sociale. Reste à savoir lesquelles seront retenues, et si elles suffiront à rallier les socialistes pour éviter une motion de censure.