Le coup de foudre numérique. Dix millisecondes : le temps d’un éclair traversant le ciel… et, théoriquement, celui nécessaire à un modèle de langage pour générer une recommandation patrimoniale sur votre assurance-vie. L’algorithme écrit plus vite que nous ne clignons des yeux, mais la véritable question n’est pas combien de temps il met, plutôt il nous mène.

Supersonique, mais pas solitaire. Les robots-conseillers ne datent pas d’hier. Ils gèrent déjà 1 800 milliards de dollars d’actifs en 2024 et fileront vers 2 300 milliards en 2028. Pourtant, même chez les géants de Wall Street, l’automate pur a montré ses limites : Goldman Sachs a cédé en 2024 son robo Marcus Invest à Betterment, tournant la page d’une aventure jamais rentable. La leçon ? La vitesse sans la confiance ne vaut rien. Le marché a donc basculé vers l’hybride : l’humain au gouvernail, la machine au moteur. 63,8% des revenus du secteur proviennent désormais de ces solutions mixtes.

GPT entre en salle des marchés

Quand Morgan Stanley connecte GPT-4 à sa base documentaire, 98% de ses équipes l’adoptent au quotidien. L’accès à l’information bondit de 20% à 80%, le temps de recherche s’effondre. Le robot ne parle plus à la place du conseiller, il lui murmure à l’oreille. L’IA devient un exosquelette intellectuel : elle porte la charge de calcul, l’humain conserve la charge de sens.

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Régulation : le parachute obligatoire

Bruxelles a sonné le rappel : l’AI Act classe les usages financiers de l’IA en catégorie «haut risque». Entrée en vigueur en août 2024, application complète dès 2026. Parallèlement, la Banque des Règlements Internationaux (BRI) prévoit que les banques devront tripler leurs investissements IA d’ici 2030, jusqu’à 85 milliards de dollars pour le seul «génératif», tout en maintenant l’humain in the loop. La vitesse sans ce parachute réglementaire serait un saut de l’ange dans le vide juridique.

La tentation du pilotage automatique

À peine un investisseur sur cinq a déjà utilisé un robo-conseiller. Chez les millennials, 41% se disent prêts à confier leur argent à une IA, contre 14% chez les baby-boomers. La «guerre des générations» pointe : ceux nés avec un smartphone trouvent naturel de dialoguer avec un robot, les autres veulent croiser le regard de leur conseiller avant de signer.

Pourquoi l’humain demeure capital

«La finance est un marathon parsemé de sprints algorithmiques». Le philosophe Frank Knight rappelait dès 1921 que l’incertitude véritable n’a pas de probabilité. Blaise Pascal opposait esprit de finesse et esprit de géométrie. L’IA excelle dans la géométrie – la combinatoire titanesque des marchés volatils –, mais l’épargne d’une vie se nourrit aussi de finesse : préférences, émotions, valeurs, projets de transmission. L’empathie ne se quantifie pas encore en millisecondes.

Éduquer, non déresponsabiliser

Un modèle de langage peut expliquer un PER, détailler une clause bénéficiaire, simuler un rachat partiel. Mais si l’épargnant manque des bases pour juger le conseil, l’automatisation crée une asymétrie. Littératie financière et devoir fiduciaire augmenté seront donc les deux jambes permettant de courir à la cadence du code.

Dix millisecondes qui comptent double, pour l'assurance-vie

Oui, votre assurance-vie pourra recevoir un arbitrage en dix millisecondes. Mais la vitesse sans la direction mène dans le mur. Ces dix millisecondes n’auront de sens que si la machine fournit la puissance de calcul et l’humain le cap - pédagogie, confiance, responsabilité. Autrement dit : GPT-Finance n’abolit pas le conseiller, il l’augmente. La promesse n’est donc pas « moins d’humain », mais mieux d’humain, épaulé par un turbo numérique. À cette condition, les dix millisecondes deviendront un gain de temps… pas une perte de sens.